BONDARTCHOUK SERGUEÏ FEDOROVITCH (1920-1994)
Acteur et réalisateur soviétique né le 25 septembre 1920 à Bilozerka (aujourd'hui en Ukraine), Serge Bondartchouk fut l'élève de Maximov à l'école de théâtre de Rostov, où il fut initié au système de Stanislavski ; il poursuivit ses études à Moscou, où il fut l'élève de Guerassimov. Il débute comme acteur dans le rôle de Valko de La Jeune Garde (MolodaïaGvardiïa, 1948, de S. Guerassimov), puis il joue dans Le Chevalier à l'étoile d'or (Kavalerzolotoïzvezdï, 1951, de Y. Raizman), mais c'est surtout le rôle titulaire de Tarass Chevtchenko (d'Igor Savtchenko, 1951) qui le fera connaître dans son pays.
La direction de Savtchenko l'initie à la mise en scène. Mais l'Occident commence à le connaître comme acteur, en 1956, dans Le Roman inachevé (Neokontchennaïapovest, 1955, de F. Ermler), dans le rôle de Dymov de La Cigale (Poprygounia, 1955, de Samsonov), d'après Tchekhov. Il est ensuite l'excellent Othello (1956, de S. Youtkevitch), avec Irana Skobtseva, sa future femme, en Desdémone.
En 1959, il passe de l'autre côté de la caméra tout en restant interprète. C'est Le Destin d'un homme (SudbaTcheloveka), d'après un récit de Mikhaïl Cholokhov, bouleversant (peut-être trop), qui narre les épreuves atroces d'un prisonnier soviétique de la dernière guerre et son retour au pays où il ne trouve plus que ruines et vide. Il réapparaît comme acteur dans le rôle du nouveau père de Serioja (de Daniela et I. Talankine, 1960), et dans celui du prisonnier russe dans Les Évadés de la nuit (Eranotte a Roma, 1960, de Rossellini). Hanté par le thème de l'homme et la guerre, et admirateur passionné de Tolstoï, il s'attache maintenant à l'épopée napoléonienne : deux ans de préparation, quatre années de tournage pour Guerre et Paix (Voïna i Mir) en deux longs épisodes (1963 et 1967), où il joue lui-même le rôle de Pierre Bezoukhov. Puis, séduit par l'idée de suivre jusqu'au bout le destin de Napoléon, il réalise pour Dino De Laurentiis un monumental Waterloo (1970) avec Rod Steiger en Napoléon (coproduction italo-soviétique avec apports américains !). Il dirige, en 1975, Ils ont combattu pour la patrie, film assez conformiste inspiré de Cholokhov, et, en 1982-1983, un diptyque : Les Cloches rouges, d'après John Reed.
Il est entre temps revenu à l'interprétation, notamment dans Oncle Vania (Diadia Vania, 1972, d'Andreï Mikhalkov-Kontchalovski). Par la suite, Bondartchouk a surtout brillé comme comédien bien que ce soit son œuvre entière, et surtout le monumental Guerre et Paix, qui lui ait valu d'être nommé chevalier de l'ordre des Arts et de la Littérature d'URSS, Artiste du peuple, prix Lénine, etc. Il n'est donc pas surprenant qu'il prenne comme point de départ de ses réalisations l'art du comédien, à qui il incombe de créer un caractère humain. « La genèse du personnage doit s'accomplir aussi naturellement que le développement de la plante à partir de la graine ».
Quant à son thème fondamental en tant qu'auteur, « l'ordre de relations entre le destin de l'homme et celui du peuple, le comportement des individus vu à travers le prisme d'immenses événements historiques », il apparaît dans tous ses films, mais dans les grandes fresques napoléoniennes, l'immensité des moyens, le raffinement de la mise en scène, le classicisme du langage (son académisme peut-être) dissimulent un peu l'inspiration généreuse.
Sergueï Bondartchouk meurt le 20 octobre 1994 à Moscou.
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Écrit par
- Victor BACHY : professeur à l'université de Louvain
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