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WITTE SERGUEÏ IOULIEVITCH (1849-1915)

Homme d'État russe appartenant à la fin du xixe siècle et au début du xxe, Sergueï Ioulievitch Witte naît au Caucase dans une famille de hauts fonctionnaires appartenant à la noblesse. Il termine en 1870 ses études à l'université d'Odessa. C'est l'année où commence le développement des voies ferrées russes. Le ministre des Communications engage dans cette carrière Serge Witte qui se montre remarquablement habile dans le secteur de l'exploitation commerciale des réseaux. Il apprend tout ce qui concerne les chemins de fer, à tous les échelons, sur le plan théorique aussi bien que pratique. Pendant vingt ans il occupera des postes de plus en plus importants, montrant sa capacité à régler les problèmes les plus graves.

L'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 le jette, politiquement, vers la « droite » la plus réactionnaire. Son ouvrage sur les tarifs des chemins de fer publié en 1883 attire l'attention sur lui : il est nommé directeur de tout le réseau du Sud-Ouest et s'installe à Kiev. L'accident du train impérial, à Borki, qui manque coûter la vie à Alexandre III en 1890, est dû aux négligences condamnées depuis longtemps par Witte ; celui-ci est nommé par le tsar ministre des Transports, puis ministre des Finances en 1892. Il contrôle les chemins de fer, le commerce et l'industrie. Il régit la grande entreprise du transsibérien et conclut des accords douaniers avec l'Allemagne. En 1897, il est le promoteur d'une grande réforme financière. Il a l'entière confiance d'Alexandre III, mais, à l'avènement de Nicolas II (1894), il aura à combattre un véritable système des apanages, instauré par les nombreux grands ducs de la dynastie des Romanov, cause de nombreux malheurs pour la Russie. Witte déploie ses talents de négociateur et sa vive intelligence dans ses tractations avec la Chine (Li Gunzhang) et avec le Japon (amiral Ito) pour la construction du chemin de fer de Mandchourie. Mais le tsar et sa coterie ne sont pas d'accord sur sa politique à longue vue au Moyen-Orient, et il perd son portefeuille de ministre.

La guerre russo-japonaise (1904) lui redonne son importance : c'est lui qui négocie la paix avec le Japon après les terribles défaites russes — Tsushima, Port-Arthur. Il est envoyé comme plénipotentiaire à Portsmouth, pour les pourparlers de paix. Nicolas II le récompense en le faisant comte. Witte offre ses bons offices à la France, aux prises avec l'empereur d'Allemagne à propos de l'affaire d'Agadir. Il négocie l'emprunt russe. Sa grande œuvre est la préparation du Manifeste du 30 octobre 1905, par lequel le tsar accorde les libertés politiques aux Russes. Witte est Premier ministre. Il fait face à de graves troubles sociaux. Il est attaqué par la « droite » comme par la « gauche », chaque côté lui reprochant de ménager l'autre. Entre octobre 1905 et avril 1906, il fait voter plusieurs lois et oukases capitaux, mais son intransigeance et sa susceptibilité lui aliènent le tsar et l'opinion, ses collègues et ses subordonnés. Initiateur de la première Douma (parlement), promoteur de la modernisation industrielle du pays, il perd néanmoins la confiance du tsar, qui le « renvoie » le 29 avril 1906 ; le 10 mai sont rendues publiques les Lois fondamentales de l'Empire, inspirées par Witte. Loin des affaires, amer et déçu, prévoyant « la fin de la Maison régnante », le comte Witte meurt à Saint-Pétersbourg, en mars 1915.

— Daria OLIVIER

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Écrit par

  • : diplômée d'études supérieures d'histoire, écrivain

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