MARINES SÉRIES
Les séries sédimentaires qui se sont déposées en milieu marin sont les mieux connues et bénéficient d'une véritable priorité puisqu'elles seules peuvent fournir aux stratigraphes les références nécessaires au découpage en étages de l'histoire du globe. Mais ce sont surtout les faciès de plates-formes de faible profondeur qui ont été utilisés pour la définition des successions stratigraphiques de référence, et les dépôts de bassins posent encore de nombreux problèmes lorsqu'il s'agit d'interpréter les conditions de sédimentation. Certaines séries déposées en milieu intermédiaire, deltaïque ou estuarien, sont, de même, difficiles à identifier et leur attribution au domaine marin ou continental fait question.
On peut répartir les anciens dépôts marins en deux catégories principales : dépôts épicontinentaux et dépôts de bassins. Les premiers correspondent essentiellement aux conditions de vie et de sédimentation que nous pouvons observer actuellement sur les plateaux continentaux (zones néritiques et littorales) entre zéro et deux cents mètres, et les seconds représentent les dépôts plus profonds, de mer ouverte. Bien entendu il est fort difficile de placer une limite aisément repérable dans les faciès anciens, et on discute encore sur la profondeur de dépôt de certains faciès comme le flysch, mais on peut, par exemple, s'appuyer sur l'abondance d'organismes benthiques exigeant une certaine quantité de lumière pour placer la limite inférieure de la zone photique de l'époque considérée : algues vertes, madréporaires récifaux. De même la taille des débris sédimentaires accumulés dépend de la vigueur des courants et de l'agitation des vagues dont les effets s'affaiblissent généralement avec la profondeur. L'étude des dépôts actuels (sédimentologie) et des divers peuplements (écologie) en fonction des modifications du milieu permet de proposer une paléogéographie détaillée dont les limites sont celles de la méthode de l'actualisme : si les mêmes causes ont probablement produit les mêmes effets, on doit cependant envisager les conséquences de la modification éventuelle d'une des conditions du milieu — telle la teneur en dioxyde de carbone — ou les changements d'exigences écologiques d'un groupe fossile au cours des temps.
Une des principales caractéristiques des séries épicontinentales dans les bassins internes ou en bordure des océans réside dans leur complexité liée à la diversité des milieux de dépôts qui s'ajoute à la diversité des arrière-pays et aux multiples combinaisons possibles des données climatiques. Les domaines littoraux exposés à l'agitation de la mer s'opposent aux domaines abrités, littoraux ou peu profonds, dans la répartition par taille des particules sédimentaires. Ainsi le moindre changement de profondeur, ou le déplacement d'un courant, modifie radicalement la sédimentation, d'où les incessantes modifications, sur une même verticale, des dépôts de plate-forme. Une forte alimentation en éléments d'origine continentale (terrigènes) donnera une série argilo-sableuse masquant ou inhibant le dépôt possible d'une série thalassogène purement carbonatée (par exemple, dans la partie nord du golfe Persique).
Dans les bassins, par contre, le milieu de dépôt intervient beaucoup moins ; l'arrière-pays prend le pas. Les sédiments rythmés marno-calcaires, flysch et autres faciès grano-classés, sont coupés de masses chaotiques glissées qui prouvent, par leur fréquence, la réalité des pentes qui bordent ces bassins. Les peuplements sont surtout constitués d'organismes planctoniques tombés sur le fond après leur mort. Leur mode de vie a suscité les meilleurs espoirs des stratigraphes : ces organismes entraînés par les courants dans tous les océans ont eu, au cours du [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Claude PLAZIAT : docteur en géologie, maître assistant à l'université de Paris-Sud, Orsay
Classification
Autres références
-
FRANCE (Le territoire et les hommes) - Géologie
- Écrit par Jean AUBOUIN , Jean COGNÉ , Michel DURAND-DELGA , François ELLENBERGER , Jean-Paul von ELLER , Jean GOGUEL , Charles POMEROL , Maurice ROQUES et Étienne WINNOCK
- 16 692 mots
- 24 médias
À l'Hettangien apparaissent les premiersdépôts marins. Toutefois la plus grande partie de l'Hettangien correspond encore à une grande lacune où sel et anhydrite ont pu dépasser 500 mètres d'épaisseur (au sud de la Garonne). À partir du Sinémurien, la mer s'installe définitivement et, malgré quelques...