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SÉRIES TÉLÉVISÉES

Étudiées à l’université, analysées dans des revues de cinéma, projetées dans des festivals et des musées, les séries télévisées attirent les plus grands noms du cinéma, de Steven Spielberg à Martin Scorsese chez les réalisateurs, de Nicole Kidman à Julia Roberts chez les actrices. L’émergence des plateformes de streaming dans les années 2000 et, surtout, 2010 a encore amplifié leur diffusion à travers le monde, donnant lieu à des sorties synchrones qui permettent aux spectateurs de multiples pays d’y accéder sans délai. Elles constituent un vivier de nouveautés en même temps qu’un patrimoine à revisiter, signe qu’elles possèdent une longue histoire et des caractéristiques spécifiques en fonction de l’époque et du pays de production où elles furent créées. Car, derrière ce qui s’apparente à une « tendance », c’est une relation au (très) long cours qu’entretiennent les séries télévisées avec leur public.

Une forme hétéroclite et évolutive

De façon générique, une série télévisée est une œuvre de fiction composée d’épisodes reliés entre eux par une forme narrative ou formelle, des personnages et des thèmes, abordant un ou plusieurs genres (le policier, le thriller, le western, la science-fiction, la comédie romantique, etc.). D’un épisode à l’autre, ces traits communs doivent être identifiables et prompts à nous replonger dans un monde fictionnel que l’on est conscient d’avoir déjà commencé à explorer. Si l’on parle de séries « télévisées », c’est qu’elles sont conçues et destinées en première diffusion à la télévision, avant de s’exporter sur d’autres supports (VHS, DVD, Blu-ray) – chronologie cependant remise en cause par la diffusion prioritaire de séries originales sur des plateformes de streaming. Une série se compose d’une ou plusieurs saisons, elles-mêmes comportant un certain nombre d’épisodes de durée et de structure analogues.

En anglais, une distinction de premier niveau s’opère entre scripted et unscriptedseries : les premières s’appuient sur un scénario préécrit, tandis que les secondes se veulent en grande partie improvisées : c’est le cas, par exemple, des émissions de téléréalité. Le mot anglais series englobe également les séries documentaires, les journaux d’information et les talk-shows, soit autant de programmes non fictionnels segmentés en épisodes unitaires ou qui se suivent. L’acception française « séries télévisées » désigne cependant plus couramment les œuvres de fiction que l’on suit sur le long terme, notre assiduité dépendant de la forme adoptée et de l’obligation ou non de regarder les épisodes dans l’ordre pour bien comprendre le récit.

En effet, une autre ligne de séparation distingue les séries épisodiques et les séries feuilletonnantes. Les premières sont constituées d’épisodes autonomes qui racontent une histoire complète sans lien avec des éléments laissés en suspens dans des épisodes précédents. Leur unité narrative maximale est l’épisode, ce qui signifie qu’elles peuvent être regardées dans le désordre, de façon ponctuelle, et sans qu’on ait suivi les derniers rebondissements. Jusqu’à la fin des années 1980, cette forme est très fortement privilégiée aux États-Unis dans la mesure où elle permettait aux chaînes d’attirer des téléspectateurs ayant manqué des épisodes en cours de route. Des séries comme Mission: Impossible (1966-1973) ou Columbo (1968-2003) ont adopté une formule relativement immuable qui aboutissait systématiquement à une résolution en fin d’épisode : l’inculpation d’un ou de plusieurs criminels pour l’inspecteur Columbo, l’exécution d’une mission périlleuse pour les agents secrets de l’Impossible Missions Force. Dans tous les cas, l’intrigue se dénoue à la fin de l’épisode, ce qui permet au suivant de reprendre la même formule en proposant toutefois une[...]

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Écrit par

  • : docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, enseignant contractuel à l'université Paul-Valéry-Montpellier III

Classification

Médias

<em>Urgences</em>, M. Crichton - crédits : Amblin Entertainment/ Urgences/ Bridgeman Images

Urgences, M. Crichton

« Buster » Crabbe dans <it>Flash Gordon</it> - crédits : Universal Pictures

« Buster » Crabbe dans Flash Gordon

<em>Dallas</em>, D. Jacobs - crédits : Everett Collection/ Aurimages

Dallas, D. Jacobs

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