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SERIZAWA KEISUKE (1895-1984)

Nommé en 1956 par le gouvernement japonais Trésor national vivant dans le domaine de la teinture, Serizawa a su redonner à cet art traditionnel une nouvelle vie en puisant son inspiration dans les arts populaires japonais et en utilisant de nouveaux supports. Yanagi Sōetsu, théoricien du mouvement pour la renaissance des arts populaires au Japon, a vanté ses « œuvres empreintes de modestie et de modération ».

Serizawa, né en 1895 à Shizuoka dans une famille de marchands de tissus pour kimonos, découvre très tôt les arts décoratifs traditionnels et se destine à une école de dessin de Tōkyō. À l'âge de dix-huit ans, il se passionne pour les publications de la revue Shirakaba (le bouleau), périodique d'art et de littérature fondé par de jeunes étudiants, écrivains promis à un grand avenir, comme Shiga Naoya. Cette revue présente au public japonais le mouvement impressionniste et postimpressionniste français, ainsi que des peintres japonais de style occidental comme Umehara Ryūzaburō. Ses études terminées, Serizawa fonde une société de création de motifs décoratifs. Il obtient alors son premier poste au laboratoire industriel départemental de Shizuoka où il dirige les recherches graphiques pour les laques et les tissus.C'est en 1926 qu'il fait la connaissance de Yanagi Sōetsu avec lequel il se lie. Yanagi, entouré des potiers Hamada Shōji et Kawai Kanjirō, cherche à revaloriser les objets utilitaires. Il explique sa théorie du beau dans plusieurs articles qui marquent le jeune Serizawa. Ces artistes lancent le terme Mingei pour désigner les arts populaires et démontrent la nécessité de fonder un musée d'art populaire japonais. C'est sa collection de peintures votives et de céramiques qui conduisit Serizawa à rencontrer les membres de ce groupe. Leurs fructueux échanges de vue sur les arts populaires marqueront un tournant décisif dans sa carrière. Yanagi et lui-même visitent de nombreuses régions du Japon. Il réunit des objets d'art populaire (tissus, céramiques, gravures) qui stimuleront son inspiration, tels les vêtements des tribus Aïnus aux motifs abstraits et symétriques ou les estampes d'Ōtsu au charme naïf.

Cependant, en 1928, à l'occasion de l'exposition organisée en commémoration de l'intronisation de l'empereur Hirohito à Tōkyō, il découvre la teinture au pochoir en couleurs (bingata) pratiquée dans l'île d'Okinawa. Au cours d'un séjour dans cette île, à Naha, il en apprendra la technique et l'adaptera à des motifs de sa propre création. L'année suivante, il commence à participer au salon artistique annuel du Kokugakai. Il y expose successivement des tissus teints, des reliures et des couvertures de livres qui lui permettent d'acquérir une certaine notoriété.

Lorsque en 1931 Yanagi fonde la revue Kōgei (Arts décoratifs), il confie à Serizawa le soin d'en dessiner les couvertures pendant un an. La grande simplicité du décor et la fraîcheur des coloris attirent l'attention du public. Dès lors, Serizawa ajoute à ses talents celui de décorateur et d'illustrateur de livres, combinant habilement la mise en page des dessins et des calligraphies et la technique de teinture au pochoir. Il réalise alors les reliures d'œuvres de William Blake, de Kawabata Yasunari et de Yanagi Sōetsu, et, en 1936, son premier livre d'illustrations au pochoir ayant pour thème la teinture japonaise.

Attaché à tous les aspects de la vie populaire, il utilise la technique du bingata pour figurer les paysages des campagnes japonaises et leurs maisons aux toits de chaume, ainsi que les artisans, potiers, tisserands ou fabricants de papier vaquant à leurs occupations. Il réalise des tentures, des kimonos, des paravents, des rideaux ou des rouleaux verticaux ornés de motifs réalistes, géométriques ou de calligraphies. Artiste polyvalent, il[...]

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Écrit par

  • : conservateur du Patrimoine au Musée national de la céramique, Sèvres

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