SERMISY CLAUDE ou CLAUDIN DE (1490 env.-1562)
Un des musiciens les plus féconds de la Renaissance française, fort prisé pendant la première moitié du xvie siècle et dont la renommée repose surtout sur ses chansons galantes. Après avoir été enfant de chœur à la Sainte-Chapelle (1508), Claude Sermisy fut chantre à la chapelle royale (1515), avant d'en être nommé sous-maître vers 1532 (il succéda à A. de Longueval) ; il conserva cette charge jusqu'à sa mort. En 1533, il fut élevé au canonicat et il bénéficia de plusieurs prébendes (Rouen, Troyes). Après un voyage en Italie, dont certains pensent qu'il eut lieu en compagnie de François Ier (1515), il demeura en contact avec le duc de Ferrare auquel il procura des chantres. Dans ses compositions sacrées, Claudin conserve le style traditionnel (messe-parodie), dans l'esprit de Josquin ; toutefois, il écrit un contrepoint plus aéré, il multiplie les passages homophoniques, et la déclamation syllabique met davantage en valeur la compréhension du texte latin. Outre ses treize messes (quatre voix), il écrivit soixante motets (de trois à six voix), qui reflètent les mêmes qualités et où il a certainement laissé le meilleur de lui-même ; on peut seulement citer Domine quis habitabit, Nisi Dominus, Aspice Domine, Sancta Maria, Nos qui vivimus. Les Lamentations de Jérémie (notamment celle du samedi saint) et la Passion selon saint Matthieu (avec duos, trios et quatuors de voix d'hommes) possèdent un souffle religieux authentique. C'est cependant par ses chansons profanes que Claudin a mérité la gloire. Il en écrivit quelque deux cents, de deux à quatre voix, voire à six voix à la fin de sa vie. Avec Pierre Certon, il a porté le genre de la chanson parisienne à son apogée. Contemporaine du madrigal italien, la chanson française s'en différencie notamment d'abord par une rythmique précise qui affectionne le syllabisme et utilise peu d'ornements, de vocalises ou de mélismes, ensuite par la qualité de l'invention mélodique, au trait incisif et à la courbe raffinée. Les phrases de Claudin sont ordinairement courtes mais souvent répétées. Elles obéissent à la technique de l'imitation. On rencontre quelquefois une accélération du tempo (Un jour Robin, La, la, maître Pierre). En entrant dans un jardin est une mélodie populaire qu'il traite en harmoniste consommé. Clarté, élégance, gaieté, telles sont quelques-unes des qualités de cet art de cour. Claudin met en musique les chansons de Clément Marot, du cardinal de Tournon, voire de François Ier, mais, à l'opposé de Janequin et de Certon, peu de textes grivois. La structure de ces compositions obéit, non aux exigences du poème, mais à celles de la musique ; elle reste toujours simple : ABCA, AABA, AABCA. Le retentissement de l'œuvre de Claudin fut immédiatement international de son vivant et longtemps après sa mort. Attaingnant en publia des transcriptions pour clavier dès 1531 ; il en exista de très nombreuses dans toute l'Europe, pour le luth, instrument auquel ces chansons s'adaptent parfaitement en raison de la fluidité de l'écriture (on peut penser notamment au Fronimo de V. Galilei et à la Tablature de J. de Lublin).
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
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