SERSOU
Assurant la transition entre l'Ouarsenis, montagne massive mais non infranchissable, et les Hautes Plaines algéro-oranaises, le Sersou est une plaine haute (de 800 à 1 000 m) mais suffisamment arrosée — près de 400 millimètres d'octobre à mai — pour autoriser une agriculture sèche, malgré une position méridionale à la limite de la zone aride, qui lui confère une forte continentalité propice aux gelées tardives. Son hydrologie enfin est relativement favorable (eaux du Nahr Ouassel, réserve souterraine).
Le Sersou a été pénétré, à la fin du xixe siècle, par la colonisation qui y a étendu des cultures sur des propriétés délimitées et consacré le monopole de gros éleveurs européens sur les pâturages, refoulant la paysannerie locale vers les piémonts et excluant les grandes tribus nomades du Sud, les Arba et Said Atba, qui en faisaient leur zone d'estivage privilégiée.
Depuis l'indépendance, malgré les transformations structurelles (autogestion, révolution agraire), la monoculture céréalière mécanisée, parfois associée à la culture de légumes secs, notamment les lentilles, est reproduite alors que le maintien du système de culture fondé sur la jachère nue travaillée fait stagner les rendements. Les efforts consentis pour améliorer l'agriculture et l'élevage se heurtent aux tendances à la concentration foncière.
Le Sersou est une des rares régions où la céréaliculture a élevé le niveau des densités, initialement faibles. La population a quintuplé au cours de la première moitié du xxe siècle ; mais la mécanisation précoce et massive a vite fait de rompre l'équilibre, réduisant au chômage de nombreuses populations accumulées dans les centres (Tiaret et les actuels Tissemsilt, Mahdia, Khemisti...).
Héritière de Tahert, capitale du royaume kharédjite des Rustomides fondé au ixe siècle sur la route de l'or entre le Soudan, l'Europe et l'Orient, Tiaret eut pendant la période coloniale des fonctions de contrôle administratif et de desserte agricole et commerciale. La croissance industrielle des années 1980 (un complexe lainier, une fonderie, une laiterie...) y a élevé le taux d'emploi. Elle y a induit depuis lors une croissance urbaine importante que n'a pu contrarier un site étriqué, principalement des grands ensembles collectifs. L'influence régionale de Tiaret (environ 200 000 hab. en 2008) a été certes entamée par la création, à l'est, de la wilaya de Tissemsilt dont le chef-lieu est doté d'un complexe textile (gros fils et couvertures). Mais elle le compense par de nouvelles activités d'encadrement et de gestion : centre universitaire, sièges d'entreprises délocalisées.
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Écrit par
- Bouziane SEMMOUD : docteur d'État, professeur d'université
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