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SERVICES SECRETS

L'époque contemporaine

Ce sont les deux guerres mondiales qui impriment véritablement une dynamique omnisciente aux services secrets. L'expression de « guerre de l'ombre » prend alors toute sa dimension, en conférant à ces activités un rôle d'intervention et d'inflexion déterminant pour les politiques géostratégiques.

L'influence des deux guerres mondiales

La Première Guerre mondiale va systématiquement développer les activités d'espionnage et de contre-espionnage entre Triple Entente (Russie, France et Grande-Bretagne) et Triple Alliance (Autriche-Hongrie, Allemagne et Turquie). Les Britanniques mettent en place à cette époque le M.I. 5 (Military Intelligence, Section V) en 1916, aujourd'hui dénommé plus communément Security Service, pour les opérations de contre-espionnage et de contre-terrorisme sur le territoire national, puis le M.I. 6, en 1919, appelé aussi Secret Intelligence Service (S.I.S.) en charge du renseignement à l'étranger.

En Russie, lorsque le régime soviétique se met en place, les services de sécurité et de renseignements se voient accorder une place prépondérante afin de préserver les acquis de la révolution... La Tcheka (Tcheresvitchnaïa Komissïa, Commission extraordinaire pour combattre la contre-révolution, le sabotage et les manquements au service), opère ainsi dès 1917, bientôt remplacée par la Guépéou (Glavnoïe Politicheskoïe Oupravlenie, Direction politique de l'État) en 1922, à laquelle succède, en 1934 le N.K.V.D. (Narodnyï Kommissariat Vnoutrennykh Diel, Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) qui perdure jusqu'en 1946. Il s'agit d'abord d'éliminer les « ennemis de l'intérieur », puis de lutter contre toutes les menaces étrangères. Dans les années 1920, le système de chiffrement soviétique se révèle facile à percer pour les Occidentaux, en raison du manque d'expérience des officiers du département d'espionnage de la Tchéka et des erreurs de formation des agents implantés à l'étranger. À partir des années 1930, c'est une tout autre situation, avec l'adoption du « chiffre à usage unique » imposé par le Kremlin. Le régime étend alors ses réseaux d'agents implantés directement à l'étranger, avec l'appui des partis communistes locaux et des représentants diplomatiques.

Aux États-Unis, si les forces armées se dotent, dès la fin du xixe siècle, de leurs propres structures de renseignement, cette fonction est néanmoins considérée par l'exécutif et le législatif comme déloyale et en contradiction même avec les fondements démocratiques de l'État fédéral. Certes, il y eut la création d'un bureau d'investigation permanent en 1908, par le general Attorney (ministre de la Justice) et Charles J. Bonaparte (petit-fils de Jérôme Bonaparte). Cet office, rebaptisé F.B.I. en 1935 (Federal Bureau of Investigations), reçoit juste avant le second conflit mondial une nouvelle fonction de renseignement, à l'étranger. Le F.B.I. dépêche ainsi des agents en Amérique latine pour sonder l'orientation politique des fortes communautés allemande et japonaise qui y sont implantées et la nature de leurs connexions avec leur pays d'origine.

En revanche, le domaine des communications et transmissions tient une place majeure dans les programmes de renseignements américains. Ainsi, en 1917, est mise sur pied une unité d'interception des transmissions et de cryptologie, le MI 8, dénommée également Cipher Bureau ou Black Chamber et rattachée à la Military Intelligence Division (M.I.D.). Dans les années 1930, les services Sigint (Signals Intelligence, les services d'écoute) et les activités de cryptographie se divisent entre ceux de l'armée de terre, avec le Signals Intelligence Service (S.I.S.), renommé plus tard Signal Security Agency (S.S.A.), et ceux de[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire, enseignant en histoire et géographie, en géopolitique et défense intérieure

Classification

Média

Machine Enigma - crédits : Corbis/ Getty Image

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