SERVICES SECRETS
Nouvelles menaces
Quoique nettement effective et identifiable dès avant cette date, une nouvelle guerre non conventionnelle est associée aux attentats du 11 septembre 2001, menée non plus contre le communisme, mais contre le terrorisme islamiste. Les risques de prolifération d'armes nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques (armes N.R.B.C.) représentent une autre source de tension, indépendante de la précédente, mais qui pourrait éventuellement venir l'envenimer. Traductions extrémistes et violentes des écoles wahhabites, salafites ou chiites, les mouvements djihadistes terroristes, disséminés du Maghreb au Proche-Orient, de l'Europe occidentale à l'Asie, sont multiples. Ils mobilisent l'action combinée ou indépendante de tous les services secrets de cette immense région et, au-delà, ceux des États-Unis, de la Russie et de la Chine. En fait, tous les services secrets nationaux ont dû réorienter leur activité en fonction de ce nouveau contexte de terrorisme mondialisé qui s'est mis progressivement en place à partir des années 1980.
La riposte américaine
Les services secrets occidentaux et ceux de leurs alliés des pays tiers sont désormais largement sollicités pour mener des missions afin de neutraliser coûte que coûte les réseaux terroristes et leurs capacités de nuisance. Les États-Unisont d'ailleurs adopté le principe de l'action préventive ; démarche qui leur a permis, depuis octobre 2001, de légitimer de nombreuses interventions dans des zones géographiques non dénuées d'intérêts géostratégiques : en Afghanistan et en Irak notamment. Dissimulant les raisons exactes de cette dernière intervention, le gouvernement de George W. Bush a fait valoir des justifications factices, comme l'alliance – dont l'inexistence est aujourd'hui avérée – entre le régime de Saddam Hussein et Al-Qaida, ou la présence d'armes de destruction massive sur le territoire irakien.
L'interdiction faite aux services spéciaux américains en 1976 et confirmée sous Reagan en 1981 (Presidential Executive Order no 12333) de mener des assassinats ciblés n'a pas résisté aux attentats du 11 septembre 2001. Depuis lors, le président G. W. Bush a en effet réactivé ces mesures radicales au nom de la sécurité nationale. L'implication directe ou non de la C.I.A. dans des opérations d'assassinat n'est plus exclue, sans compter les manipulations d'individus, de personnalités politiques ou médiatiques. Les actions spéciales sont généralement projetées par le National Security Council (N.S.C.) ; son avis est ensuite soumis à l'approbation ou acceptation du président des États-Unis. Le directeur actuel de la C.I.A. occupe aussi les fonctions de directeur du renseignement ou Director of Central Intelligence (D.C.I.). On évalue globalement le budget de la C.I.A. entre 3 et 5 milliards de dollars. Elle disposerait de 15 000 agents, sans compter les informateurs officieux ou occasionnels qui sont estimés à plusieurs dizaines de milliers... Depuis 1947, le fonctionnement de la C.I.A. est à la fois complexe et délicat en raison de ses relations difficiles avec le Congrès. Les questions récurrentes qui opposent les deux institutions concernent la légitimité des actions clandestines (covert actions) et la place du renseignement humain qui, pendant les trente dernières années, a été peu à peu amoindri au bénéfice du renseignement technologique, certains membres du Congrès et d'anciens membres de la C.I.A. y voyant l'une des principales raison de l'absence totale d'anticipation des attaques du 11 septembre.
La C.I.A. agit désormais en collaboration étroite avec le département de la Défense, en vertu du plan de restructuration de 1991 sur le renseignement. La centralisation du renseignement au département de la Défense est assurée par quatre[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pascal LE PAUTREMAT : docteur en histoire, enseignant en histoire et géographie, en géopolitique et défense intérieure
Classification
Média