SÉSOSTRIS III, pharaon de la XIIe dynastie (1878-1843 av. J.-C.)
Durant les règnes de ses prédécesseurs, les nobles des provinces de Moyenne-Égypte ont accru leur pouvoir par le biais de faveurs royales et de mariages avec les familles de souverains voisins. Vers le milieu du règne de Sésostris III, les riches tombes provinciales, reflet de la puissance des nobles, cessent brusquement d’être édifiées. Dans le même temps, les monuments funéraires abritant les dépouilles de membres de la classe moyenne se multiplient à Abydos, le sanctuaire du dieu Osiris en Haute-Égypte. Comme l’indiquent les documents de la dynastie suivante, Sésostris III consolide l’administration impériale, privant la noblesse féodale de ses pouvoirs et de son influence. Il divise l’Égypte en quatre grands districts, chacun doté d’une hiérarchie de hauts dignitaires et de scribes placés directement sous la responsabilité du vizir. Ce dernier possède un ministère. Des départements du trésor, de l’agriculture, de la guerre et du travail sont également créés pour l’ensemble du pays. Ils remplissent des fonctions gouvernementales et tiennent un registre scrupuleux des recettes et des dépenses de l’État. Ces réformes sont si efficaces que, malgré la faiblesse des souverains de la dynastie suivante, le gouvernement central dirigé par les vizirs va continuer à fonctionner pendant près d’un siècle.
Le règne de Sésostris III est également marqué par le remaniement et l’extension de la présence égyptienne en Nubie. Face à la montée en puissance des États de la région nubienne, le pharaon mène quatre campagnes au cours desquelles il écrase les nomades et étend ses frontières au sud de la deuxième cataracte du Nil. Il complète alors le réseau de forts qui construits assez près les uns des autres, permettent de communiquer par signaux. Sésostris III prolonge ainsi la ligne vers le nord, du fort de Buhen, situé au niveau de la deuxième cataracte, jusqu’à Semna, sur la nouvelle frontière. Ce dernier bastion permet notamment d’observer le trafic fluvial et les nomades du désert. Les forts enregistrent également le niveau des crues du Nil et peuvent ainsi prévenir l’Égypte proprement dite relativement tôt.
Avant le début de sa première campagne nubienne en l’an VIII de son règne, Sésostris III perce un canal pour traverser la première cataracte du Nil au niveau de l’île d’Éléphantine, facilitant ainsi le passage des navires de guerre et de commerce. Probablement après ses expéditions en Nubie, il conduit une incursion mineure en Palestine, remportant une victoire à Sichem. Les inscriptions des dignitaires du pharaon révèlent une intense activité minière dans le Sinaï et dans plusieurs sites nubiens. Le roi fait édifier sa pyramide près de celle d’Amenemhat II mais intègre les innovations de la tombe de son père, Sésostris II.
Les exploits de Sésostris III ainsi que ceux de ses deux prédécesseurs homonymes et les hauts faits de Ramsès II, pharaon de la XIXe dynastie, viendront nourrir le Sésostris légendaire décrit par Hérodote (vers 484-425 av. J.-C.). Sésostris III survivra dans les mémoires bien après sa mort, étant devenu la divinité protectrice de la Nubie égyptienne. Les conquêtes asiatiques évoquées dans la légende grecque sont en réalité celles de Ramsès II, tandis que les autres événements mettant en scène le conquérant égyptien type ne sont que pure invention.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique
- Écrit par François DAUMAS
- 12 278 mots
- 17 médias
Ses successeurs complétèrent cette œuvre. Sésostris III, grand conquérant, dirigea au moins quatre expéditions en Nubie. Il fixa Semna comme frontière pour les Nubiens, qui viendraient faire du commerce en Égypte. Pour protéger les marches du nord-est, les plus vulnérables, il guerroya en Palestine...