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GAZZELLONI SEVERINO (1919-1992)

On considérait Gazzelloni comme l'homologue italien de Jean-Pierre Rampal, mais, alors que le Français a popularisé la flûte et l'ensemble de son répertoire, Gazzelloni était surtout tenu pour l'apôtre de la musique contemporaine.

Il naît à Roccasecca Frosinone, le 5 janvier 1919, et commence à étudier la flûte dès l'âge de sept ans avec Giambattista Creati. Il travaille ensuite au Conservatorio di Santa Cecilia à Rome, dont il sort diplômé en 1942. Il commence à jouer dans des orchestres de musique légère avant d'être engagé comme flûte solo à l'Orchestre symphonique de Belgrade puis à l'Orchestre symphonique de la R.A.I. de Rome, où il reste plus de trente ans. Il se consacre alors à une carrière de soliste et de pédagogue. Il collabore régulièrement avec l'ensemble I Musici pour la musique baroque et avec le pianiste Bruno Canino pour le répertoire moderne. Dès 1952, il donne des cours d'été à Darmstadt, où il rencontre Heinrich Strobel et Karl Amadeus Hartmann, les responsables des deux centres de musique contemporaine allemands les plus importants (Baden-Baden et Munich), qui le mettent en contact avec les principaux compositeurs de son temps. Tous sont fascinés par son sens inné du déchiffrage, ses qualités de mémoire et son pouvoir d'adaptation et écrivent à son intention. Stravinski parle de lui dans ses mémoires. Il enseigne également à Dartington, en Angleterre, à l'académie Sibelius d'Helsinki et à l'Accademia Chigiana de Sienne, à partir de 1966. Il mène une carrière à un rythme effréné (plus de deux cents concerts par an) et meurt à Rome le 21 novembre 1992.

Gazzelloni a abordé tous les genres de musique, de Vivaldi au jazz, mais il a surtout marqué son temps par la liste impressionnante des pièces qu'il a créées (plus de cent cinquante), écrites pour la plupart à son intention, œuvres de compositeurs d'avant-garde — Luciano Berio (Serenata I pour flûte et quatorze instruments, 1957 ; Sequenza, 1958), Aldo Clementi, Franco Donatoni, Henryk Mikołaj Górecki (Diagrame, 1961), Roman Haubenstock-Ramati, Bruno Maderna (Honeyrêves, 1961 ; Hyperion, 1963), Luigi Nono (Y su sangre ya vene cantando, 1954, qui provoqua un scandale à Darmstadt), Luis de Pablo, Bernd Alois Zimmermann (Tempus loquendi, 1964) — ou de compositeurs plus traditionnels — Giorgio Federico Ghedini (Sonata da concerto, 1958), Goffredo Petrassi (Concerto pour flûte, 1961 ; Souffle, 1969), Roman Vlad, Wladimir Vogel. Il possédait un enthousiasme et une présence scénique qui ont conquis tous les publics et lui ont permis d'imposer les œuvres les plus difficiles. Il s'était fait notamment le champion de la Sonatine pour flûte et piano de Pierre Boulez, qu'il avait créée en 1957.

Gazzelloni a fait évoluer considérablement les possibilités techniques de la flûte sans que ces apports restent l'apanage de la musique contemporaine : de nombreuses difficultés du répertoire, autrefois considérées comme insurmontables, ont été maîtrisées par la plupart des flûtistes grâce à cette approche élargie de l'instrument. Il avait été l'un des premiers à adopter une flûte en or. On lui doit deux livres, Facciamo con Severino Gazzelloni (Bologne, 1977) et Il Flauto d'oro, autobiographie avec E. Granzotto (Turin, 1984).

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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