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OCHOA SEVERO (1905-1993)

Severo Ochoa est un biochimiste américain, d'origine espagnole, né le 24 septembre 1905 à Luarca (Espagne). Il étudie la médecine à l'université de Madrid et réalise en cours d’étude plusieurs séjours dans des laboratoires prestigieux comme ceux d’Otto Meyerhof, Fritz Lipmann et Otto Warburg en Allemagne, Henry Dale à Londres, qui le confirment dans son intérêt pour le métabolisme. Il revient à Madrid en 1930 et termine ses études de médecine en 1933. Il est nommé professeur dans cette même université deux ans plus tard puis quitte l’Espagne après le déclenchement de la guerre civile. Il séjourne ensuite dans diverses villes européennes : Heidelberg, Plymouth, Oxford avant d'émigrer en 1940 aux États-Unis ; là, il exerce à l'université Washington de Saint Louis comme enseignant et chercheur en pharmacologie. L'année suivante, il accepte un poste à l'université de New York, où il restera. En 1954, il obtient la chaire de biochimie de la New York University School of Medicine.

On peut distinguer deux phases principales dans la carrière de Severo Ochoa. La première, avant la guerre voit sa contribution, importante, à l'étude du métabolisme intermédiaire de la cellule. Il démontre alors le rôle des composés phosphorés « riches en énergie » comme l’adénosine triphosphate (ATP), dans les réactions biochimiques et les couplages qui existent entre phosphorylations et systèmes de transfert d'électrons des chaînes respiratoires.

La seconde phase de sa carrière correspond surtout à l’étude de la synthèse des acides nucléiques. Le prix Nobel de médecine lui est décerné le 15 octobre 1959, ainsi qu'au professeur Arthur Kornberg, « pour leurs découvertes sur la synthèse des acides ribonucléique et désoxyribonucléique... » (ARN et ADN). En effet, Severo Ochoa et Marianne Grumberg-Manago – qui travaillait alors dans son laboratoire avant de regagner la France – isolent en 1955 le polynucléotide phosphorylase, première enzyme connue capable de catalyser la formation de polyribonucléotides, c’est-à-dire d’enchaîner les briques élémentaires des acides nucléiques. Ces études ont prouvé qu'on peut utiliser ces enzymes pour synthétiser in vitro des composés pratiquement identiques, au point de vue physico-chimique, à l'ADN et à l'ARN. La possibilité de synthétiser, grâce au polynucléotide phosphorylase, des ribonucléotides de séquence statistiquement connue joua un rôle important dans le décryptage du code génétique au cours des années 1960. L’enzyme reste très utilisée comme outil en biologie moléculaire. Ochoa s'est intéressé depuis lors aux modalités de la synthèse des protéines : on lui doit d'assez importants travaux sur les facteurs qui interviennent dans cette dernière. Il a également travaillé sur la multiplication des virus à ARN.

Il revient en Espagne en 1985 et meurt à Madrid le 1er novembre 1993.

— Pierrette KOURILSKY

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Autres références

  • DÉCRYPTAGE DU CODE GÉNÉTIQUE

    • Écrit par
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    • 1 média

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    • 9 médias
    ...oxaloacétate conduit à la formation du citrate, acide tricarboxylique à six atomes de carbone, qui a donné son nom au cycle. L' enzyme, découverte par S. Ochoa et ses collaborateurs, appelée enzyme condensante ou citrate-synthétase, catalyse une réaction complexe dont l'équilibre est fortement déplacé...