SÈVES
L' eau, les substances nutritives, les déchets et les hormones sont, dans les plantes, généralement transportés d'un organe à un autre par deux courants : la sève brute qui, dans les vaisseaux, transporte les matériaux venant de l'absorption racinaire et la sève élaborée qui, dans les tubes criblés du phloème, véhicule les substances organiques provenant des tissus assimilateurs ou des réserves.
Si la migration de la sève brute est assez bien expliquée par une poussée venant de la racine et surtout une traction due à un appel d'eau foliaire consécutif à la transpiration, les constituants de la sève élaborée migrent à des vitesses légèrement différentes, mus par des mécanismes complexes, où interviennent gradients de pression osmotique et transports actifs. Un contrôle de la charge du phloème en assimilats régularise quelque peu l'alimentation des tissus en glucides, en dépit des variations de la photosynthèse.
La sève brute
Caractéristiques
La sève brute est le grand courant ascendant qui conduit aux feuilles, aux bourgeons et aux fleurs l'eau et les substances minérales. C'est une solution diluée de sels minéraux (1 gramme par litre environ) qui contient les ions absorbés (cf. absorption végétale) et les produits de la réduction des nitrates (aminoacides et amides) par la racine. Au cours de son déplacement, elle abandonne aux territoires traversés une partie de ses éléments minéraux et s'enrichit en composés organiques, mais ceux-ci sont toujours en faible quantité (de 0,2 à 0,5 g/l) sauf exception (celle de l'érable à sucre en contient jusqu'à 8 p. 100) ; ils proviennent surtout des réserves accumulées dans les rayons médullaires du bois et utilisées à certaines saisons.
Chez les végétaux vasculaires, la circulation de la sève brute a lieu dans les vaisseaux ou dans les trachéides (gymnospermes) des faisceaux libéro-ligneux, c'est-à-dire dans le xylème (bois), comme le prouvent des décortications annulaires pratiquées sur des troncs ou des rameaux. Chez les autres végétaux, la notion de sève ne garde son sens que dans la mesure où il existe des régions conductrices plus ou moins bien spécialisées (tige des mousses, stipe des laminaires, etc.).
On a pu mesurer la vitesse de la sève brute à l'aide de colorants ou d'isotopes radioactifs, ou encore à l'aide de deux sondes thermo-électriques fichées dans le xylème à des niveaux différents. (La première permet d'échauffer légèrement la sève, la seconde d'enregistrer le moment où la sève échauffée l'a atteinte.) Cette vitesse est en général de l'ordre de 1 à 6 mètres à l'heure ; elle peut atteindre 100 mètres à l'heure quand la transpiration est maximale, diminuant au contraire en atmosphère saturée d'eau (pas de transpiration) et s'annulant lorsque l'alimentation en eau est bloquée (sécheresse, froid de l'hiver). Le sens de la circulation peut même être exceptionnellement inversé, si l'atmosphère est très humide et le sol très sec.
Mécanismes de la migration
Eau et sels minéraux circulent ensemble sensiblement à la même vitesse, les ions paraissant simplement entraînés par le flux hydrique. Cette circulation ne relève, semble-t-il, d'aucune activité physiologique, ni des vaisseaux qui sont des cellules mortes, simples tubes lignifiés, ni du parenchyme vasculaire qui les entoure, car elle n'est pas affectée par des inoculations dans les tiges de poisons (tel le sulfate de cuivre à 10 p. 100), du moins tant que ceux-ci n'ont pas atteint les organes de la transpiration. Les causes de cette circulation n'en ont pas moins posé des problèmes aux physiologistes, car il n'est pas aisé de rendre compte d'une ascension à quelque 10 ou 20 mètres de hauteur, comme cela se rencontre couramment dans les arbres.[...]
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Écrit par
- René HELLER : professeur honoraire de physiologie végétale à l'université de Paris-VII, membre de l'Académie d'agriculture
Classification
Médias
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