SEYCHELLES
Nom officiel | République des Seychelles (SC) |
Chef de l'État et du gouvernement | Wavel Ramkalawan (depuis le 26 octobre 2020) |
Capitale | Victoria |
Langues officielles | Aucune 1
|
Unité monétaire | Roupie des Seychelles (SCR) |
Population (estim.) |
105 000 (2024) |
Superficie |
446 km²
|
La république socialiste des Seychelles (1977-1993)
La Constitution du 29 juin 1976 instaure une république de type semi-présidentiel fidèle aux valeurs des démocraties libérales. Inclinée diplomatiquement vers l'Occident, dépourvue d'armée, elle se veut cependant ouverte au monde par-delà les concurrences idéologiques et entend donner l'image – en tirant argument de sa faiblesse même – d'un authentique non-alignement. Utopie peut-être ? L'expérience tourne court en moins d'un an. Le contrat politique unissant les deux partis dans le partage des responsabilités gouvernementales, avec établissement au sommet d'une sorte de dyarchie (J. R. Mancham est président de la République et F.-A. René Premier ministre), est rompu brutalement par le coup d'État pacifique du 5 juin 1977. En l'absence du président Mancham retenu à Londres par la conférence du Commonwealth, F.-A. René est propulsé par ses partisans à la tête de l'État. Mancham ne sera plus autorisé à revenir au pays, l'an I de la première république est déjà terminé. Ce n'est pas une simple révolution de palais, mais bien un changement complet de régime, la « véritable indépendance ». Dans son discours-programme du 29 juin 1977, le président René résume ainsi l'orientation de la nouvelle société à construire : « Depuis le 5 juin 1977, le peuple seychellois est un peuple révolutionnaire qui ne s'endormira plus comme avant. »
L'organisation politique
Après deux années de transition à base de décrets présidentiels, les Seychelles se donnent, le 26 mars 1979, une nouvelle Constitution dont le projet a été longuement discuté au cours de débats populaires. Elle crée un régime à la fois présidentialiste et socialiste. Les instruments du pouvoir sont au nombre de trois. Un président de la République qui cumule les fonctions de chef d'État et de chef du gouvernement (maximum dix ministres) ; élu au suffrage universel direct pour cinq ans, rééligible deux fois, il dispose de prérogatives nombreuses et importantes. Une Assemblée populaire, instance suprême en théorie, mais dont les vingt-cinq députés sont obligatoirement proposés par le parti. La création en 1977 du Front progressiste du peuple seychellois (S.P.P.F.) a introduit le système du parti unique dans un pays jusqu'ici ouvert au pluralisme. L'adoption d'un nouvel hymne national et d'un nouveau drapeau traduit la volonté de changement de société, ainsi que la promotion du créole au rang de langue officielle aux côtés de l'anglais et du français. Au bilinguisme équilibré suscité en 1976 succède un trilinguisme qui se justifie amplement par l'importance de la langue créole dans l'archipel et dans l'ensemble des îles de l'océan Indien.
Ce schéma institutionnel d'inspiration marxiste doit être replacé dans le cadre réduit d'un pays où le jeu politique est proche de la démocratie directe. C'est dire que la tonalité et l'avenir du régime reposent essentiellement sur la personnalité du chef de l'État. Élu en 1979 avec 97,99 p. 100 des suffrages, puis réélu en 1984 et en 1989 pour un troisième et normalement dernier quinquennat, F.-A. René est à la fois chef de l'État, chef du gouvernement et secrétaire général du parti unique. Le jugement sur ce cumul de mandats au niveau le plus élevé, qui est le propre des dictatures, doit être nuancé. Il faut tenir compte notamment de l'exiguïté territoriale et humaine qui fait des Seychelles un véritable laboratoire de sociologie et d'anthropologie politique. Dénoncé parfois comme le dictateur type par ses adversaires, qui soulignent effectivement le renforcement du système policier et autres contrôles, F.-A. René apparaît néanmoins soucieux du devenir économique et social de cette société seychelloise à laquelle il appartient.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Charles CADOUX : professeur agrégé à l'université d'Aix-Marseille-III, ancien doyen de la faculté de droit et des sciences économiques de l'université de Madagascar
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
INDIEN HISTOIRE DE L'OCÉAN
- Écrit par André BOURDE et Jean-Louis MIÈGE
- 14 268 mots
- 8 médias
... siècle par de nouveaux venus européens : les Anglais et les Hollandais. Ailleurs, tant à Madagascar qu'aux Mascareignes (ou Mascarenhas), aux Seychelles, à Chagos, et sans doute déjà en Australie, les Portugais se sont contentés de missions de reconnaissance sans installation durable. En revanche,... -
INDIEN OCÉAN
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Jean-Pierre PINOT
- 6 078 mots
- 4 médias
...caractères mixtes, et les reliefs qui séparent les bassins sont souvent formés d'une croûte d'apparence continentale ; aussi emploie-t-on volontiers le terme de « microcontinent », non seulement pour Madagascar, mais aussi pour les Seychelles et les Kerguelen, formées en partie de granites précambriens.... -
VICTORIA, Seychelles
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 157 mots
Capitale de la république des Seychelles, située sur la côte nord-est de l'île de Mahé, la plus grande de l'archipel, Victoria est la seule ville du pays et le seul vrai port des Seychelles. À la rade intérieure réservée aux petites embarcations s'ajoute un port en eaux profondes. Environ un tiers...