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KEÏTA SEYDOU (1921 env.-2001)

Le photographe Seydou Keïta est né vers 1921 à Bamako (Mali), il est mort à Paris le 22 novembre 2001.

Aîné d'une famille de cinq enfants, Seydou Keïta est ébéniste de métier et photographe autodidacte. En 1935 son oncle lui offre son premier appareil photo, un Kodak Brownie Flash. Devenu artisan photographe, Seydou Keïta se spécialise dans l'art du portrait qu'il réalise sur commande, en lumière naturelle et en noir et blanc, avec une chambre 13 × 18. Ce format lui permet d'obtenir sans agrandisseur des tirages par contact de grande qualité.

En 1948, il ouvre un atelier à Bamako dans la parcelle familiale. Très vite les photographies de Seydou Keïta ont un grand succès. Son exigence professionnelle et esthétique l'impose comme le portraitiste apprécié des habitants de Bamako, puis du Mali et de certains pays voisins comme la Guinée. De 1949 à 1977, date à laquelle il cesse son activité, Seydou Keïta photographie le tout Bamako. Chacun devait pouvoir montrer son portrait réalisé par le grand Keïta.

Sans titre (Portrait de Monsieur Cissoko), Bamako, S. Keïta - crédits : CAAC/ The Pigozzi Collection, Genève

Sans titre (Portrait de Monsieur Cissoko), Bamako, S. Keïta

Seydou Keïta a souvent dit que son seul souci était de réaliser des portraits très nets et très flatteurs de ses clients, afin de satisfaire leur vœu. Ceux-ci posent seuls, en couple, en famille, cadrés en buste ou en pied, accompagnés parfois d'un objet symbolique de leur métier – machine à coudre, plume et encrier – ou de leur famille – poste de radio, vélo, scooter. Keïta utilise comme fonds des tentures à motifs décoratifs qu'il change régulièrement tous les deux ou trois ans. Ces tentures lui servirent par la suite de repères pour dater ses clichés.

Le 2 février 1962, Seydou Keïta devient le photographe officiel de l'État malien, fonction qu'il exerça jusqu'en 1977. Les clichés de cette époque, conservés par l'administration, ne sont pas consultables. Keïta a « couvert » l'essentiel des événements du nouvel État indépendant présidé par Modibo Keïta puis par le Comité militaire de libération nationale (C.M.L.N.) : rencontres de chefs d'État, visites officielles, commandes pour le compte de l'administration... Keïta est resté discret sur ces prises de vue relatant l'histoire de quinze années d'indépendance.

En 1993, des expositions lui sont consacrées en France. En 1994, dans le cadre du Mois de la photo à Paris, la fondation Cartier pour l'art contemporain présente une exposition personnelle qui le révèle aux spécialistes et au grand public. Il a été, la même année, au centre des premières Rencontres de la photographie africaine à Bamako. Dans cette capitale de plus d'un million d'habitants, Seydou Keïta était célèbre et les habitants de Bamako ont redécouvert, non sans nostalgie, les images d'un passé toujours présent dans leurs mémoires.

Les photographies de Seydou Keïta constituent un témoignage exceptionnel sur la société malienne. Désormais présentes dans les musées et les grandes collections privées, elles ont acquis un nouveau statut : celui d'œuvres d'art. Seydou Keïta semble avoir intuitivement inventé ou réinventé l'art du portrait à l'égal d'un Richard Avedon. Sa maîtrise de la lumière, du sujet, du cadrage ramène les êtres et les objets à l'essentiel. Il a su garder un équilibre entre sa personnalité de photographe et celle de ses sujets qui n'étaient pas des modèles mais des clients qui attendaient un résultat précis. Cet équilibre définit le style Keïta.

— André MAGNIN

Bibliographie

Seydou Keïta, coll. Photopoche, Centre national de la photographie, Paris, 1995

Seydou Keïta, propos recueillis par A. Magnin, catal. expos., Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris, 1994

A. Magnin, Seydou Keïta, Scalo, 1997.

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Écrit par

  • : conservateur de la Contemporary African Art Collection, historien de l'art

Classification

Média

Sans titre (Portrait de Monsieur Cissoko), Bamako, S. Keïta - crédits : CAAC/ The Pigozzi Collection, Genève

Sans titre (Portrait de Monsieur Cissoko), Bamako, S. Keïta

Autres références

  • PHOTOGRAPHIE AFRICAINE

    • Écrit par et
    • 4 849 mots
    • 2 médias
    Les photographies de Seydou Keïta sont présentes dans les musées du monde entier et dans les grandes collections privées. Seydou Keïta n'a jamais douté de leur valeur esthétique : « Je savais que mes photos étaient belles [...], la beauté c'est l'art. » Une grâce, une élégance transparaissent dans toutes...