SFAX
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Située sur le littoral oriental de la Tunisie, Sfax est depuis le début du xixe siècle la deuxième ville du pays, mais loin derrière Tunis. Pôle économique majeur, Sfax est reconnue pour son industrie diversifiée, ses activités portuaires et son rôle important dans le développement régional.
La ville a été fondée au ixe siècle par les Aghlabides, une dynastie arabe qui régnait sur une grande partie du Maghreb et de l’Ifriqiya. Tournés vers la Méditerranée, et réputés pour être d’habiles commerçants, les Sfaxiens ont longtemps entretenu des relations privilégiées avec les ports d’Alexandrie, de Marseille et de Gênes. Sous le protectorat français, une convergence d’intérêts entre colons et notables locaux a permis d’ouvrir la ville sur son riche hinterland alors inexploité. Un front de mise en valeur agricole est créé en 1892 : ce qui était alors une vaste plaine semi-aride (225 mm de pluie/an), parsemée de jujubiers et de chiendents, devient une grande forêt de sept millions de pieds d’oliviers. Dans le même temps, à travers son port, Sfax va étendre son influence sur le bassin minier de Gafsa et les hautes steppes tunisiennes pour l’exportation des ressources locales, dont les phosphates, l’huile d’olive et l’alfa pour la fabrication de la pâte de papier.
Sfax a toujours représenté un cas particulier en Tunisie. Si la ville exerce une forte attraction sur le gouvernorat limitrophe de Sidi Bouzid, son influence à l’échelle nationale se limite aux régions sud du pays. En effet, tandis que, d’un côté, Tunis concentre l’ensemble des pouvoirs, de l’autre, des villes plus modestes lui disputent les zones d’influence et les fonctions. De plus, sur un rayon de plus de 60 kilomètres, aucune agglomération dans ses environs n’a encore franchi le cap de 25 000 habitants ; Sfax a fini par créer un désert urbain autour d’elle.
Avec une population de 650 000 habitants dans une agglomération de 25 000 hectares (1 million d’habitants pour l’ensemble du gouvernorat), Sfax apparaît comme une ville très étendue. Cet étalement peut s’expliquer par les spécificités de son foncier, accaparé par du patrimoine privé soumis aux partages successoraux. Bordée par la mer à l’est, Sfax s’étend sur un rayon d’environ 14 kilomètres depuis le centre. Installée sur une plaine basse, la ville s’est développée selon un plan semi-radioconcentrique qui, au fil du temps, s’est formé en doigts de gant en raison du mitage des espaces agricoles en direction du nord et de l’ouest, et du fait de la pollution chimique sur le littoral sud.
Cinq auréoles, faisant écho au modèle de l’économiste Johann von Thünen, caractérisent l’espace urbain et périurbain de Sfax. La première se compose du centre tripolaire qui comprend la médina (24 hectares) qui remonte au xiie siècle, le quartier colonial (Bab Bhar) avec son plan en damier, gagné sur la mer par poldérisation (47 hectares), et Sfax el-Jadida (« Sfax la Nouvelle »), nouveau centre-ville (67 hectares) édifié au nord de la médina dans les années 1990-2000. Vient ensuite une zone péricentrale, formée par les anciens faubourgs (rbadh ou rbat) en mutation (verticalisation du bâti, tertiarisation, nouveaux immeubles d’habitation, etc.). La troisième auréole est celle des vergers (jenens), parsemée d’habitats pavillonnaires, villas et restes d’anciennes résidences des notables (borj). Les jenens s’étendent sur un rayon d’environ 9 kilomètres du centre-ville, et leur densité diminue du péricentre vers la périphérie. La quatrième auréole est celle de la boura, terre agricole de vergers (amandiers, figuiers et autres arbres fruitiers) initialement sans habitat, qui s’étend jusqu’à 16 kilomètres du centre. Elle a cependant changé de vocation pour devenir, au fil des ans, une banlieue où alternent habitat dispersé et espaces agricoles. Enfin, la dernière[...]
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Écrit par
- Ali BENNASR : professeur des Universités, faculté des lettres et des sciences humaines, université de Sfax (Tunisie)
Classification
Média
Autres références
-
TUNISIE
- Écrit par Michel CAMAU , Roger COQUE , Encyclopædia Universalis , Jean GANIAGE , Claude LEPELLEY , Robert MANTRAN et Khadija MOHSEN-FINAN
- 19 981 mots
- 16 médias
...arbres fruitiers. Par ailleurs, elle draine la majeure partie des investissements et emplois industriels au profit non seulement des zones de Tunis et de Sfax, les deux principaux centres urbains, mais également de Bizerte (industries lourdes), Sousse (industries de transformation) et Gabès (industries...