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HICKS SHEILA (1934- )

« Soft World »

Dès les années 1960, l’artiste commence à recevoir des commandes d’œuvres monumentales destinées à orner les bâtiments d’entreprises ou d’institutions ; une activité qu’elle poursuivra jusque dans les années 2000, collaborant à maintes occasions avec les architectes (Eero Saarinen) et les sociétés de design comme la maison Knoll. L’une de ses premières réalisations, le mural pour la Fondation Ford à Manhattan (1967) sera suivie de nombreuses autres décorations pour des commanditaires aussi divers que le Rochester Institute of Technology (1968), la compagnie Air France (intérieur du Boeing 747 en 1969), l’université du Roi-Saoud à Riyad (Arabie Saoudite, 1983-1986), Kellogg Company (États-Unis, 1986-1988), le Fuji City Cultural Center (Japon) dans le hall duquel se déploie une immense tapisserie bigarrée (Four Seasons of Mount Fuji, 1992-1993).

Dans ses œuvres d’atelier, Sheila Hicks montre l’étendue de son inventivité en explorant les innombrables possibilités des matériaux, des couleurs et des techniques dont elle se sert pour créer aussi bien des tableaux (Indigo Diamond, 1989), des sculptures (Trésors des nomades II, 2014) que des environnements (Baôli au Palais de Tokyo, Paris, 2014). L’accent y est mis sur le travail des fibres, principalement le lin, le coton et la laine que l’artiste tisse, brode ou tord en torsades ou en lianes (Cordes sauvages, 2011), laisse tomber librement en cascade, du plafond au sol (Pillar of Inquiry / SuppleColumn, 2013-2014), dispose en tresses, liasses, écheveaux (Pêcher dans la rivière, 1989-2013) ou empile en volumes compacts (Banisteriopsis II, 1965-2010). Depuis les années 1950 et parallèlement à ses productions monumentales, Sheila Hicks confectionne des tissages de petits formats, enrichissant continuellement ses recherches sur les techniques du fil et du filament, n’hésitant pas à incruster dans la trame des objets de toutes sortes : passementerie, coquillages ou aiguilles de porc-épic, afin d’en varier les textures et les effets.

Sheila Hicks a joué un rôle clé dans la révolution de l’art textile qui bouleversa la scène occidentale dans les années 1960. Sa participation à des expositions, telles que la biennale du textile de Lausanne en 1967, Wall Hangings (Museum of Modern Art de New York, 1969), Douze Ans d’art contemporain en France (Grand Palais à Paris, 1972) reflète une démarche qui se joue des conventions et des catégories de peinture, sculpture, architecture, artisanat, fonctionnalité, beauté, mais se veut gouvernée uniquement par l’idée de l’œuvre comme embellissement, recherche d’harmonie et de bien-être, selon le principe de ce que l’artiste appelle la « soft logic » propre au textile.

Depuis les années 2010, Sheila Hicks est très présente sur la scène de l’art ainsi qu’en témoignent les expositions collectives auxquelles elle est invitée – biennales de Sao Paulo en 2012 et du Whitney Museum à New York en 2013 – et les nombreuses expositions personnelles qui lui sont consacrées dont la rétrospective à l’Addison Gallery of American Art à Andover, Massachusetts (2010) et son installation au Palais de Tokyo à Paris (2014).

— Valérie DUPONT

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  • TAPISSERIE

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    ...source une esquisse peinte ; ce dernier point avait été abandonné par les expériences du Bauhaus, puis par celles de la Polonaise Magdalena Abakanowicz. Sheila Hicks, qui compte parmi les créateurs les plus fertiles de cette nouvelle forme d'art, au développement cohérent et particulièrement bien représentée...