SHI [CHE], genre littéraire chinois
Élargissement du sens
Telles sont en quelques mots les implications précises du caractère shi. Sa seconde acception, beaucoup plus large, est « poème ».
Pour les raisons déjà évoquées, le sens du rythme et l'expression poétique jouent un rôle essentiel dans l'ensemble de la littérature chinoise ; aussi est-il parfois difficile de classer un genre donné dans la prose ou dans la poésie.
Celle-ci ne s'est jamais parlée. Tantôt on la psalmodiait, tantôt on la chantait. Elle existe partout en Chine. Cultivée avec prédilection par les philosophes eux-mêmes, rarement de caractère narratif ou épique, on en trouve presque toujours accompagnant les œuvres peintes, on en trouve aussi jusque dans la rue. D'ailleurs la poésie lettrée a généralement eu recours aux rythmes populaires pour se revitaliser et se renouveler périodiquement.
C'est seulement sous les Tang que les écrivains prennent conscience des possibilités propres à leur langue. Ils avaient découvert en particulier que les tons font partie intégrante du mot ; des théoriciens distinguent et classent aussi plusieurs sortes de parallélismes dans les expressions comme dans les vers. La langue poétique devient très élaborée.
Si élaborée que des obstacles d'ordre formel rendent bien difficile tout essai de traduction dans une langue occidentale. Les difficultés ne sont pas moindres en ce qui concerne le fond, le contenu.
L'abondance des « allusions littéraires » exige en effet du lecteur une grande érudition. Quant aux thèmes traditionnels, aux clichés inlassablement répétés, quant aux images et figures, il faut connaître la pensée chinoise ancienne pour en comprendre le symbolisme.
Mais aussi, au long des siècles, certains mandarins en quittant la vie publique qui les figeait ont exprimé dans leurs vers l'élan du mysticisme taoïste adouci par l'apport bouddhique, et le retour à l'état d'innocence. En célébrant la nature, l'amitié, la terre natale, la fidélité dans la séparation, ils ont retrouvé des sentiments spontanés qui ont valeur universelle.
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Écrit par
- Odile KALTENMARK : maître assistant honoraire de l'Institut national des langues et civilisations orientales
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