SHIKOKU
D'une superficie de 18 803 kilomètres carrés, Shikoku est à la fois la plus petite des quatre îles principales du bloc « centralinsulaire » – hondō – qui compose l'archipel nippon, et une région de taille modeste qui ne comptait que 3,85 millions d'habitants en 2015 (contre presque 3,98 millions cinq ans plus tôt). Sa relative tranquillité et la beauté de ses paysages, un peu moins aménagés que dans le reste du pays, expliquent le succès touristique du pèlerinage des quatre-vingt-huit temples, dédié au moine Kūkai, fondateur de l'école bouddhique Shingon au ixe siècle.
À l'époque médiévale d'Edo (1603-1868), Shikoku était composée de quatre provinces, Awa, Tosa, Sanuki et Iyo, qui lui ont valu son nom signifiant justement « les quatre (shi-) provinces (-koku) ». Ces dernières sont devenues des départements à l'époque moderne sous Meiji : Ehime au nord-ouest, Kagawa au nord-est, Kōchi au sud-ouest et Tokushima au sud-est.
Shikoku présente une dichotomie de développement entre le nord et le sud de l’île, à laquelle s'ajoute une opposition entre littoral et intérieur des terres. Ses deux départements septentrionaux participent de la dynamique de la mégalopole japonaise (l’axe des grandes métropoles du pays) via la vitalité économique et industrielle de leurs capitales, Matsuyama pour Ehime, Takamatsu pour Kagawa. À la fin des années 2010, les deux plus grandes villes de l'île regroupent ainsi respectivement un peu plus de 500 000 et de 400 000 habitants – chiffres toutefois assez modestes pour le Japon. En outre, l'activité maritime intense de la mer intérieure de Seto (Setō Naikai) bordant les rivages nord de l'île en fait un espace stratégique non seulement pour le commerce, le transport et l'intégration économique du Japon, mais également pour les échanges internationaux avec les autres puissances d'Asie orientale.
L'île de Shikoku n'est toutefois pas particulièrement tournée vers la mer : on n'y compte aucun port majeur, et la pêche y est moins pratiquée que dans les régions septentrionales de Hokkaidō et du Tōhoku. Shikoku est en effet plutôt centrée sur ses terres, pratiquant une agriculture de qualité grâce à une eau abondante fournie par les chaînes de montagnes du centre de l'île, qui stockent les pluies apportées plusieurs fois par an par les typhons. La région produit ainsi du riz et certaines denrées spécifiques comme les racines de lotus, dont le département de Tokushima assure la grande majorité de l'approvisionnement national. Pourtant, la majeure partie de la population et la quasi-totalité des grandes villes, des infrastructures de transport (dont les aéroports) et de l'industrie (essentiellement chimique, mécanique et agroalimentaire) se regroupent sur les littoraux, dans des plaines côtières comme celle de Matsuyama, la plus peuplée.
Cette surconcentration du peuplement est le résultat d'un long exode, amorcé dès la Haute Croissance, que l'on retrouve à deux niveaux. À l'échelle de l'île, l'intérieur des terres et les espaces ruraux se sont progressivement vidés au profit des villes et du littoral, conduisant au déclin et au vieillissement de nombreuses communautés dont les territoires sont officiellement classés en kaso (littéralement « surdépeuplement », défini par le gouvernement central comme une perte de population de plus de 10 p. 100 en dix ans). À l'échelle du Japon, l'île de Shikoku dans son ensemble connaît un déficit migratoire prononcé au profit de régions plus dynamiques, comme le Kansai situé non loin et relié par l'autoroute Kōbe-Awaji-Naruto, et le Kantō.
Le surdépeuplement ne concerne pas que les communautés rurales de l'intérieur des terres. C'est un enjeu également pour les petites îles de la mer intérieure, qui voient de[...]
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Écrit par
- Raphaël LANGUILLON-AUSSEL : docteur agrégé de géographie
Classification
Média
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