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SHONA ou MASHONA

Vivant pour la plupart au nord et à l'est du Zimbabwe, mais aussi dans la région contiguë du Mozambique, les Shona ont probablement eu pour ancêtres les hommes qui négociaient l'or et l'ivoire, avec les marchands arabo-swahili de la côte, pour le compte du royaume de Zimbabwe, dont la capitale aurait été fondée vers le viiie siècle. Les Portugais mentionnent au xvie siècle l'existence de l'empire du Monomotapa, qui à l'époque éclata en plusieurs royaumes. Celui du Butua fut nettement prédominant et, sous le règne du roi Changamira (mort en 1696), il imposa sa volonté aux Portugais qui essayaient de contrôler les voies commerciales intérieures. Au début du xixe siècle, le pouvoir rozwi, qui gouverna le dernier État shona, fut disloqué par les invasions nguni, provoquées par les turbulences zoulou et swazi au Natal. Quand Mzilikazi, le chef des Ndebele, s'installa dans la région de Bulawayo, en 1840, il se trouva favorisé par l'éclatement politique des Shona et, comme son successeur, mena un grand nombre de raids contre ceux-ci, qui ne lui payaient pas de tribut.

Cela dura jusqu'à la conquête coloniale, qui commença avec l'arrivée de la colonne des « Pionniers » de Cecil Rhodes. Cette situation entraîna la grande révolte de 1896, qui prolongea celle des Ndebele, écrasés la même année. Le « médium » Kagabi, fidèle du culte du Mwari, avait annoncé à son peuple qu'il pouvait attaquer les Européens sans craindre les balles. Les combats durèrent jusqu'en 1898, et le dernier chef de l'insurrection fut vaincu en 1903. La répression fut terrible, et les principaux leaders religieux furent pendus. Par la suite, les Shona seront traités par l'administration coloniale de la même manière que les Ndebele, et ils joueront comme ceux-ci un rôle important dans les organisations nationalistes africaines du Zimbabwe.

L'histoire longue et troublée des Shona a fait qu'aujourd'hui ils représentent un peuple assez diversifié, divisé en plusieurs groupes dont les principaux sont : les Zezuru, les Karanga, les Korekore, les Manyika, les Ndau et les Rozwi. Les appartenances linguistiques présentent la même variété, mais elles ne recouvrent pas la division tribale. La langue shona (chishona), qui compte plus de 10,7 millions de locuteurs (la plupart au Zimbabwe) au début du xxie siècle, est une langue de l'ensemble linguistique bantou, répartie en six dialectes principaux : karanga au sud, zezuru au centre, manyika et ndau à l'est, korekore au nord et kalanga à l'ouest. Les quatre premiers ont été valorisés par l'enseignement et la littérature.

Selon les Shona, la terre est un don de Dieu, Mwari, avec qui ils conversent par l'intermédiaire de médiums et à qui ils vouent un culte. Chaque tribu possède son propre territoire, réparti en un grand nombre de petits villages. Mais, depuis la colonisation, les Africains sont regroupés dans des « réserves » où les concentrations humaines sont importantes. À l'origine, les Shona étaient des cultivateurs de millet et de sorgho, auxquels se sont ajoutés le maïs et le riz. Ils pratiquaient la culture sur brûlis et élevaient du petit bétail (moutons et chèvres) et des bovins dans les zones non infestées par la mouche tsé-tsé. Ils exploitaient aussi des mines à ciel ouvert (fer, cuivre, étain et or), principalement entre Salisbury et Bulawayo. L'or était destiné à la vente. Enfin, il existait une industrie textile consistant dans la filature d'écorces d'arbres et de coton (une partie était cultivée sur place, le reste était importé de l'Inde par l'intermédiaire des Portugais)..

— Jean-Claude PENRAD

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Écrit par

  • : anthropologue, maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Autres références

  • CHEFFERIE

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