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SHŌTOKU-TAISHI (573 env.-621)

Fils de l'empereur Yōmei, Shōtoku-taishi naît en un temps où la cour de Yamato, qui a fait reconnaître sa suprématie sur le pays qui devait prendre le nom de Nihon (« [pays] d'où vient le soleil »), est agitée par les querelles des grandes familles. En 587, quand les Soga éliminent les Mononobe et les Nakatomi qui se sont posés, dit-on, en adversaires du bouddhisme mais qui étaient leurs rivaux, le prince, quoique très jeune, se range à leurs côtés. En 593, après l'assassinat de l'empereur Sushun, inspiré sans doute par les Soga, et l'intronisation d'une femme empereur, Suiko, il est nommé prince héritier et exerce jusqu'à sa mort une influence réelle sur les affaires ; cependant, de gré ou de force, il conserve de bonnes relations avec les puissants Soga. Il a été instruit par un moine coréen et paraît avoir une connaissance, exceptionnelle pour son temps, des lettres chinoises et des écritures bouddhiques. Il commence l'œuvre de sinisation de la cour et de la société japonaises, qui devait se poursuivre au cours du viie siècle et aboutir à l'organisation de l'« État ancien régi par les codes » à la chinoise. Cependant, à l'aube de cette période d'emprunts massifs au puissant empire continental, le prince prend soin, dans la rédaction des lettres qu'il adresse à la cour de Chine, de désigner le souverain du Japon par le titre nouveau de tennō (« souverain du Ciel »), pour le placer sur le même pied que l'empereur de Chine. Les étudiants qu'il envoie avec l'ambassade de 608 devaient prendre une part active aux grandes réformes de 645.

L'œuvre politique et sociale de Shōtoku-taishi se résume dans le texte connu sous le nom de Constitution en dix-sept articles (604), qui n'est pas un texte organisant le gouvernement et définissant son rôle et ses prérogatives, mais une instruction morale, fondée sur le confucianisme et le bouddhisme, à l'usage des grands et du peuple. Harmonie, soumission à l'empereur dont la place est semblable à celle du Ciel par rapport à la Terre, obéissance aux rites et honnêteté, nécessité de choisir pour chaque emploi le meilleur et de distribuer judicieusement les récompenses, de ne prendre les décisions importantes qu'en conseil, tous ces points devaient constituer les lieux communs de la morale politique ultérieure. En outre, en organisant en 603 un système de douze rangs de cour, le prince aurait essayé d'introduire au Japon le principe des choix et de l'avancement, fondés non sur la naissance mais sur le mérite. Cette première tentative aurait déjà abouti à un compromis sauvegardant les deux critères.

Shōtoku-taishi, qui est lui-même dévot et savant, fait du bouddhisme une religion officielle protégée par la cour et la protégeant par ses prières. On lui attribue la fondation de nombreux temples ; ainsi il est certain que les temples de Hōryū-ji et le Shitennō-ji lui doivent leur existence. Leur construction donne une impulsion à l'architecture, à la sculpture et à la peinture qui, grâce aux artistes venus du continent, atteignent soudain maturité et perfection, comme en témoignent la triade du Hōryū-ji ou le célèbre Miroku du Chūgū-ji. La position, le rôle, l'influence de ce prince dans une cour dominée par les Soga sont difficiles à apprécier avec exactitude ; cependant, très tôt, la postérité lui a attribué le mérite d'avoir posé les bases du régime ancien et de la morale nationale, et lui a voué un culte.

— Francine HÉRAIL

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Écrit par

  • : maître assistant à l'Institut national des langues et civilisations orientales, professeur délégué

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