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SIBÉRIE

Les empires nomades

Naissance des grands empires

Dès le viiie siècle avant J.-C., l'accroissement des troupeaux entraîne une extension du nomadisme et, partant, une nouvelle organisation des tribus. Les chefs élus ont de plus en plus de charges militaires et, peu à peu, leur entourage se constitue en aristocratie distincte du reste de la tribu. À l'opposition extérieure des nomades et des sédentaires s'ajoute donc chez les premiers une oppositions interne socio-économique, en tout point comparable à celle qui naîtra chez les seconds avec l'opposition des agriculteurs et de la main-d'œuvre servile.

Il en est ainsi dans l' Altaï où les sédentaires des piémonts, aux cultures agricoles caractérisées se heurtent aux éleveurs du haut Altaï, experts fondeurs de surcroît. Ceux-ci atteignent, avec la culture de Maïemir (viiie-ive s. av. J.-C.), un haut niveau de production artisanale qui a même permis de supposer que les Scythes avaient là leur foyer d'origine (cf. art des steppes). Peu à peu, l'Altaï devient le fief des cavaliers ; pour la première fois, des chevaux sont immolés sur la tombe des chefs ; à la production du bronze vient s'ajouter celle du fer, ainsi que l'extraction de l'or tant vanté par les auteurs classiques de l'Occident. C'est alors la floraison des grandes sépultures à tumulus ou grands kourganes qui caractérisent la culture de Pazyryk (ve-iie s. av. J.-C.). Aux riches mobiliers s'entremêlent ornements et harnachements, tissus et fourrures, bois et feutres, bronze et or de l'art animalier (cf. art des steppes).

Plus à l'est sur l'Ienisseï, à la culture de Karasouk succédait celle de Tagar (viiie-iie s. av. J.-C.) qui, avec son outillage occidental et ses activités agricoles, se rattache davantage aux traditions andronoviennes. Au Baïkal, la situation inverse se produit ; là, couteaux, poignards et pointes de lance sont de type chinois. Il en est de même en Yakoutie où l'influence d'une culture sino-baïkalienne est manifeste. Celle-ci résulte sans doute d'une progression de l'agriculture vers le nord et d'un chevauchement de ses centres avec ceux de l'élevage. Ainsi naquit sans doute la culture des tombes à dalles (viie-iie s.), qui occupait une large partie de la Mongolie et couvrait l'actuelle Transbaïkalie.

La Sibérie méridionale

Depuis la fin du Ier millénaire avant J.-C., l'histoire de la Sibérie concerne surtout la Sibérie méridionale. Deux centres privilégiés se dégagent : celui où se mêlent paléoasiates du Baïkal et mongoloïdes du fleuve Jaune, futur foyer de la confédération hunnique, et celui où se croisent les europoïdes de l'Altaï et les mongoloïdes d'Asie centrale, futur foyer des khanats turks. Mais c'est sur toute la lisière sibérienne que se déroula l'étonnante épopée des empires des steppes, quand, sur les territoires sis entre steppes et forêts, s'affrontèrent tribus turks, mongoles et toungouses. De l'est à l'ouest, les pénétrations ne furent point les mêmes. En Extrême-Orient, Toungouses et Yilou, tournant le dos au nord, dirigent leurs conquêtes vers le sud : ce sont les royaumes du Bohai, des Kitan, des Djurchet ou des Mandchous quand les Toungouses envahissent périodiquement la Chine et deviennent suzerains de sa partie septentrionale ou même de tout son territoire. En Sibérie centrale se trouve le limes du foyer des hordes turco-mongoles qui imposèrent leur loi depuis les premières confédérations hunniques des Xiongnu jusqu'aux derniers Gengiskhanides rivalisant avec le puissant empereur chinois des Ming. À l'ouest, les affrontements en terre des steppes, tant celles de la Russie méridionale que celles du Kazakhstan, se répercutent sur la zone sibérienne et y déclenchent des mouvements de peuples.

Les Xiongnu

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Le paysage a[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales
  • : professeur à l'université de Lyon-II, chercheur au Centre Magellan, Université de Lyon-III
  • : professeur titulaire de la faculté des sciences de l'université de Picardie

Classification

Médias

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Autres références

  • ALTAÏ

    • Écrit par
    • 382 mots

    La république fédérée de l'Altaï occupe, au sud de la Sibérie occidentale, une région essentiellement montagnarde de 92 600 kilomètres carrés où, en 2002, étaient recensés 202 900 habitants. Ce territoire est peuplé par les Oïrotes qui appartiennent à la famille ethnolinguistique altaïque....

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

    • Écrit par , et
    • 18 105 mots
    • 9 médias
    Dans la mesure où la plupart des préhistoriens s'accordent aujourd'hui pour faire venir du nord-ouest, c'est-à-dire de Sibérie, les premiers occupants de l'Amérique, il est alors essentiel de pouvoir reconstituer l'environnement nordique américain et de connaître l'importance et le moment des transformations...
  • AMOUR, fleuve

    • Écrit par
    • 2 316 mots

    Pour les Russes, l'Extrême-Orient se distingue de la Sibérie par le fait que le premier voit ses fleuves se jeter dans le Pacifique, la seconde, dans l'océan glacial Arctique. Alors que les cours d'eau sibériens, coulant du sud au nord, nécessitaient pour la colonisation russe des transbordements...

  • ANGARA

    • Écrit par
    • 382 mots

    Émissaire unique du lac Baïkal, l'Angara, après avoir traversé le lac du même nom, change d'appellation et devient la Toungouzka supérieure ; cet organisme fluvial draine un bassin de 1 045 000 kilomètres carrés et se jette, au terme d'un cours de 1 826 kilomètres, dans l'...

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