SIDA (syndrome immuno-déficitaire acquis)
Prise en charge thérapeutique
Elle comporte plusieurs aspects complémentaires.
Le traitement des infections opportunistes et des tumeurs
Les infections opportunistes une fois diagnostiquées doivent être traitées selon les possibilités antibiotiques, antivirales, antiparasitaires ou antimycosiques dont on dispose. Certaines de ces pathologies opportunistes sont curables, d'autres insuffisamment ou pas du tout. Le plus souvent, chaque infection opportuniste traitée ne peut être complètement soignée en l'absence d'immunité. Aussi est-il nécessaire d'instituer à leur encontre un traitement dit d'entretien, à dose plus faible si possible. Cela alourdit donc les traitements en termes de quantité mais aussi de tolérance.
La connaissance de la fréquence de certaines infections opportunistes peut, à partir d'un certain seuil d'immunodépression, faire envisager une thérapeutique prophylactique pour les prévenir. Actuellement, la pneumocystose, la toxoplasmose, les salmonelloses et l'isosporose sont enrayées grâce à la prise de cotrimoxazole (Bactrim⌖) de façon permanente. Cette prévention existe également pour les mycobactéries atypiques, et est envisagée pour d'autres infections. Les traitements curatifs ou prophylactiques ont amélioré considérablement la survie et la qualité de vie des malades sidéens.
Le traitement des tumeurs se révèle d'une efficacité encore insuffisante :
– le sarcome de Kaposi peut être traité par radiothérapie locale lorsqu'il est limité. Sinon, on recourt à la chimiothérapie, dont l'importance varie avec l'intensité des localisations et leur évolutivité ;
– les lymphomes relèvent d'une chimiothérapie comparable à celle de tout lymphome pour les localisations extracrâniennes.
La prise en charge symptomatique de toutes les manifestations observées
Il s'agit du traitement des infections non opportunistes émaillant l'évolution de l'infection : manifestations neurologiques et psychiatriques, diarrhées ne cédant pas au traitement de l'agent infectieux responsable, manifestations dermatologiques, etc.
Une prise en charge nutritionnelle, si possible précoce, est essentielle ; elle est nécessaire pour éviter une perte de poids aggravant un équilibre toujours précaire : conseils diététiques, apports nutritifs, vitaminiques.
La douleur doit également être prise en charge, surtout lors de la période terminale, au moyen d'antalgiques majeurs, morphiniques en particulier.
La prise en charge psychologique est fondamentale chez ces sujets inquiets, souvent culpabilisés, découragés, accumulant les problèmes matériels, relationnels, personnels. Le maintien d'une volonté de se battre contre la maladie est tout au long de l'infection un élément primordial de succès.
La thérapeutique antirétrovirale
Elle est évidemment le moyen logique, majeur, qui s'impose pour les traitements futurs. Les possibilités théoriques de lutte contre le virus sont multiples puisqu'à chaque étape de son développement on peut imaginer des moyens de le combattre : inhibition de sa fixation sur les cellules cibles, inhibition de pénétration, inhibition de la transcriptase inverse, inhibition de la synthèse des protéines nécessaires pour refaire de nouvelles particules de virus, blocage de l'entrée du virus dans la cellule (méthode thérapeutique récemment introduite en 2007 avec le raltégravir).
On a d'abord utilisé des médicaments agissant comme anti-transcriptase inverse. L'azidothymidine (AZT) a été la première. Elle a été suivie par d'autres : la didesoxyinosine DDI, la didesoxycytidine DDC, la stavudine D4T et la thiacydine 3TC. Depuis, sont nées les antiprotéases : saquinavir, ritonavir, indinavir. D'autres substances ont été testées : nouvelles anti-transcriptases inverses, nouvelles antiprotéases à action plus puissante encore[...]
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Écrit par
- François BRICAIRE : praticien hospitalier, chef de service en maladies infectieuses, professeur des Universités, médecin des hôpitaux
- Patrice PINELL : directeur de recherche émérite
- Yves SOUTEYRAND : docteur en économie de la santé, coordinateur de l'unité d'information stratégique au département sida de l'O.M.S.
Classification
Média
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