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SIDO (Colette) Fiche de lecture

Sido est un livre de souvenirs publié par Colette (1873-1954) en 1929-1930. La première partie, intitulée à l'origine « Sido ou les points cardinaux », paraît en juin 1929 dans La Revue hebdomadaire puis, un mois plus tard, dans une plaquette luxueuse à faible tirage aux éditions Kra. Au printemps 1930, ce texte initial, renommé simplement « Sido », augmenté d'une deuxième partie, « Le capitaine », et d'une troisième, « Les sauvages », est édité aux éditions Ferenczi sous le titre général Sido. Après Les Vrilles de la vigne (1908), La Maison de Claudine (1922) et La Naissance du jour (1928), l'auteure y évoque de nouveau son enfance dans la maison familiale de Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne).

Le paradis de l'enfance

Sido se présente sous la forme d'un triptyque familial : la première partie est consacrée à la mère de Colette, Sidonie Colette née Landoy, surnommée Sido par son mari ; la deuxième – « Le capitaine » – à son père, Jules-Joseph Colette, qu’on appelait ainsi ; la troisième – « Les sauvages » – à ses deux frères.

Dans les premières pages du récit, l'auteure dessine un portrait de Sido en provinciale, même si ses « yeux de l'âme sont fixés sur Paris », où elle se rend environ tous les deux ans. Suit une évocation de la maison et du jardin, surtout du jardin, ou plutôt des jardins de son enfance, dans ce « quartier natal » dont l'auteure s'attache à restituer « l'ample vie policée », sorte de microsociété courtoise et ouverte. Au cœur de cet univers idyllique, l'auteure enfant, si elle explore quelquefois les environs, apprend surtout auprès de sa mère à observer la nature – faune et flore –, à se rendre sensible aux éléments et au rythme des saisons...

Dans la deuxième partie, intitulée « Le capitaine », Colette pose un regard rétrospectif sur son père. Autant la figure de la mère est précise et familière, autant celle du père semble évanescente, à l'image de sa personnalité plus effacée et de sa position d'admirateur éperdu de Sido. En raison aussi d'une distance plus grande vis-à-vis de ses enfants, moins par indifférence que par timidité. Le texte se teinte ici d'un regret : « Trop tard... trop tard... […] Ne valions-nous pas, lui et moi, l'effort réciproque de nous mieux connaître ? » La tentative de faire revivre ce père trop peu et trop mal connu, avec lequel se noue pourtant une sorte de complicité « artistique », passe par le récit d'une « partie de campagne », ou encore le souvenir de sa vieillesse et de sa mort, mais surtout par le regard et les propos maternels.

Enfin, dans la troisième partie, c'est encore à sa mère, ainsi qu'à ses souvenirs de petite fille, que Colette fait appel pour évoquer ses deux frères, « de vrais sauvages » : l'aîné, Achille, fils du premier mari de Sido ; le cadet, Léopold, dit Léo, fils du « capitaine », aussi dissemblables que possible. Le premier, terrien, ancré dans le réel et futur médecin ; le second aérien, toujours en mouvement et en fuite, rêvé musicien par sa mère. Ce dernier, toujours vivant au moment où Colette écrit (Achille est mort en 1913 : « j'ai dit adieu au mort, à l'aîné sans rivaux »), est demeuré tel qu'il était enfant, un « sylphe de soixante-trois ans ».

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