SIERRA LEONE
Nom officiel | République de Sierra Leone (SL) |
Chef de l'État et du gouvernement | Julius Maada Bio (depuis le 4 avril 2018) |
Capitale | Freetown |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Leone (SLL) |
Population (estim.) |
7 752 000 (2024) |
Superficie |
72 929 km²
|
Évolution politique depuis l'indépendance
Siaka Stevens, le pouvoir et la montée des périls
Lors des premières élections générales en 1962, sir Milton Margai, leader du Sierra Leone People's Party (S.L.P.P.), parvient à s'imposer aux créoles de la colonie en tant que chef du gouvernement et tente de réaliser l'unité nationale. Après sa mort, en 1964, son frère Albert devient Premier ministre et instaure un régime autoritaire. Siaka P. Stevens, qui était un membre important de ce parti (il avait même reçu le ministère des Mines et du Travail), démissionne en 1957 et crée trois ans plus tard son propre parti, l'All People's Congress (A.P.C.), avec lequel il remporte les élections générales de mars 1967. Il s'ensuit pendant deux ans une crise ouverte, marquée par une série de coups d'État militaires sur fond de luttes interethniques, de grèves, de népotisme et de corruption. Siaka Stevens est arrêté par le chef d'état-major, le général David Lansana, mais réussit à se réfugier en Guinée. Un nouveau putsch conduit par de jeunes officiers lui restitue le pouvoir en avril 1968.
Dès 1969, Stevens voulut redresser une économie en déconfiture par une politique d'austérité et de rigueur financière, mais il échoua très vite, incapable d'élargir la base régionale de son pouvoir qui reposait sur les Temné au nord et le sentiment répandu que le S.L.P.P. favorisait les Mendé du Sud. Se croyant sans cesse menacé, Stevens allait recourir à des méthodes de plus en plus autoritaires, allant à l'encontre des principes démocratiques dont il se réclamait, sans toutefois oser les récuser ouvertement. L'imposition de l'austérité en 1969 à des fins budgétaires entraîna chômage, mécontentement social, montée du banditisme, de la fraude et du trafic du diamant. Après avoir libéré en février 1969 des prisonniers politiques pour apaiser les tensions, le nouveau pouvoir s'empressa d'emprisonner en juillet des partisans du S.L.P.P. Alors que se détériorait le climat social, les responsables des quatre différents coups d'État de 1967-1968 furent traduits en justice en 1970 et condamnés à mort. Mais la Cour suprême cassa les jugements et les accusés furent libérés en novembre 1971, après sept mois d'internement arbitraire, fait révélateur d'un régime ayant basculé dans l'autoritarisme.
En mars 1971, le chef de l'armée, le général Bangura, tente un coup d'État infructueux et dans le même temps Stevens est la cible de deux attentats. Il ne peut rétablir l'ordre qu'avec le concours des troupes guinéennes. Pour consolider son pouvoir, il prend alors ses distances d'avec le modèle constitutionnel, où le souverain britannique était chef de l'État, en érigeant en avril de la même année la Sierra Leone en république dont il devient le président exécutif avec un mandat quinquennal. Lors des élections de 1973 et de 1977, boycottées par le S.L.P.P. empêché de présenter des candidats, l'A.P.C. rafle 84 des 85 sièges, instituant un monopartisme de fait. À l'élection présidentielle de 1976, en dépit des complots, Stevens, seul candidat en lice, est élu pour un nouveau mandat. Au début de 1977, des étudiants organisent de violentes manifestations antigouvernementales, et des élections anticipées permettent au S.L.P.P. de remporter 15 sièges au Parlement dans une atmosphère mouvementée. Dans l'idée de lutter contre le tribalisme et le factionnalisme, Stevens annonce en juin 1978 l'institutionnalisation du monopartisme qu'entérine la nouvelle Constitution. L'opposition est contrainte d'entrer dans ce système où persiste le tribalisme, favorisé par une pluralité de candidatures indépendantes qui font de la surenchère identitaire lors des élections de 1982. Mais le flambeau de la contestation directe est repris par les forces syndicales au côté desquelles on trouve une presse d'opposition qui, malgré[...]
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Écrit par
- Comi M. TOULABOR : directeur de recherche F.N.S.P. au C.E.A.N.-Science Po
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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