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SIGEBERT DE GEMBLOUX (1030 env.-1112)

Né dans le Brabant français, Sigebert de Gembloux est entré très jeune à l'abbaye de Gembloux, près de Liège ; devenu moine à Saint-Vincent de Metz, il s'intéresse fort tôt, dit-on, aux lettres sacrées et profanes, à l'étude du latin, du grec et même de l'hébreu, à la poésie, à la mécanique, à l'astronomie. Il demeure une trentaine d'années à Saint-Vincent avant de regagner Gembloux, où il se fait remarquer par ses prédications et ses prises de position politiques en faveur d'Henri IV, excommunié par Grégoire VII en 1080. Dans une longue lettre à Hermann, Sigebert explique comment il conçoit le droit dont dispose le pape pour déposer et excommunier un empereur. Il se fait, en outre, le porte-parole des Liégeois contre le décret du souverain pontife interdisant aux fidèles d'assister aux célébrations liturgiques de prêtres mariés (1075), et dans la crise qui oppose le clergé de Liège et son évêque Otbert aux papes Urbain VII et Pascal II, jusqu'à la mort d'Henri IV en 1106. Avant de mourir, il est témoin de la réconciliation du clergé avec Rome.

Son œuvre, qui est importante et qui est écrite en latin et en flamand, compte des ouvrages d'hagiographie (une vie de saint Thierry, évêque et fondateur de l'abbaye de Saint-Vincent de Metz ; des écrits à la gloire de sainte Lucie, dont le monastère se flattait de conserver les reliques ; des vies de saint Sigisbert, de saint Maclou, de saint Théodert, de saint Lambert), des ouvrages de polémique concernant le conflit entre la papauté et le clergé de Liège et, surtout, une Chronographie, la meilleure des chroniques universelles portant sur le xie siècle. Elle connut un grand succès et fut prolongée, au xiie siècle, par un grand nombre de Continuations et d'Additions, dont la plus intéressante est celle de Robert de Thorigny, achevée en 1186. Sigebert écrivit, en outre, l'histoire du monastère de Gembloux (Gesta abbatum gemblacensium), un De viris illustribus et une Passion en vers.

C'est dans les ouvrages de polémique contre le pouvoir pontifical que la pensée de Sigebert s'est principalement affirmée. Le fait qu'il ait mis son talent au service du parti impérial s'explique par un contexte de crise : la conception de l'empereur comme défenseur de l'Occident chrétien devait être réaffirmée et justifiée ou bien être définitivement rejetée. Sigebert ne voulait pas tant s'opposer à l'Église et au pape que tenter de retrouver l'image de l'Occident carolingien.

— Denis COUTAGNE

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