SILURIEN
Le terme silurien, dérivé du nom de la tribu celte des Silures, a été proposé en 1834 par Roderick Murchison pour désigner une série stratigraphique de la Bordure galloise, en Angleterre. Le Silurien représente le système du Paléozoïque (ère primaire) qui est situé entre l'Ordovicien et le Dévonien. Il s'étend de — 443,7 millions d'années (Ma) à — 416 Ma , soit une durée de quelque 28 Ma. C'est l'échelle stratigraphique de Grande-Bretagne qui a servi de standard pour le Silurien, les corrélations étant fondées principalement sur les graptolites et les trilobites. Cependant, les quatre subdivisions (séries) désormais officielles du Silurien ont été redéfinies. Il s'agit donc, de bas en haut : du Llandovery, qui est représenté par les étages Rhuddanien, Aéronien et Télychien ; du Wenlock, avec les étages Sheinwoodien et Homérien ; du Ludlow, avec les étages Gorstien et Ludfordien ; du Pridoli (pas d'étage défini). Les corrélations biostratigraphiques internationales sont fondées essentiellement sur les graptolites et les conodontes ; d'autres échelles ont été établies pour les chitinozoaires, les sporomorphes (spores, acritarches) et les vertébrés. Sur les courbes de biodiversité globale du paléontologue John Sepkoski, le Silurien correspond au début de la phase de biodiversification siluro-dévonienne, juste après la crise hirnantienne. Cette période marque ainsi le début d'une longue phase pendant laquelle la biodiversité globale est restée à peu près stable. La fin du Silurien n'est pas marquée par une crise biologique majeure, le passage du Silurien au Dévonien étant continu dans beaucoup de séries stratigraphiques marines. C'est cet état de fait qui a rendu difficile le consensus sur la limite entre ces deux systèmes. C'est cependant aussi la raison qui a rendu nécessaire un accord international. Le premier stratotype international de limite (limitotype), établi sur un point stratotypique mondial ou P.S.M. (en anglais G.S.S.P. pour global stratotype standard-section and point), est ainsi celui de la base du Dévonien qui définit donc le sommet du Silurien, ratifié en 1972 par la Commission internationale de stratigraphie et publié en 1977 par l'Union internationale des sciences géologiques.
Le Silurien correspond globalement à un niveau marin relativement haut, marqué par une chute assez importante à la fin de la période, ce qui s'est longtemps traduit par le fait que l'on divisait le Paléozoïque en deux « sous-ères », le Paléozoïque inférieur et le Paléozoïque supérieur. Cela n'est que la traduction de la situation structurale des chaînes paléozoïques d'Europe occidentale où très souvent le Dévonien est discordant sur son substratum d'âge paléozoïque inférieur (c'est le cas en Ardenne par exemple), la transition entre Silurien et Dévonien correspondant au passage entre chaînes calédoniennes et chaînes hercyniennes (varisques).
Le Silurien, comme le Dévonien, est une période chaude marquée, entre autres, par le développement de plates-formes carbonatées tropicales avec établissement de formations bioconstruites (récifs coralliens à rugueux, tabulés, stromatopores, bryozoaires, vers, brachiopodes, etc.). Le Silurien est également connu pour ses dépôts de roches détritiques fines riches en matière organique, comme les « schistes à graptolites ». Ces roches sont souvent des roches mères d'hydrocarbures (pétrole et gaz). Parmi le plancton marin, les graptolites sont bien diversifiés au début du Silurien, mais subissent une forte diminution au Silurien moyen et supérieur. En ce qui concerne le necton, le Silurien marque le début de l'« âge des poissons » avec le développement des vertébrés agnathes à cuirasse externe osseuse appelés ostracodermes. Toutefois, les formes[...]
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Écrit par
- Alain BLIECK : docteur ès sciences (doctorat d'État), agrégé de l'Université, directeur de recherche au C.N.R.S.
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