Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BOLÍVAR SIMÓN (1783-1830)

Le « Libertador »

En 1807, le jeune Bolívar est de retour au Venezuela : la première tentative de Miranda contre le gouvernement colonial venait d'y échouer (1806). Tout en administrant ses propriétés, Bolívar participe aux conspirations que prépare l'aristocratie créole et auxquelles l'effondrement de la monarchie des Bourbons d'Espagne donne, après 1808, une nouvelle vigueur. Ce n'est qu'en 1810, toutefois, que Bolívar s'engage vraiment dans l'action politique. Absent de Caracas lors des événements du 19 avril 1810, il n'a pas directement participé au mouvement ; mais, rallié aussitôt à la « Junte suprême », qui détient le gouvernement de fait, il est envoyé à Londres pour y demander l'appui de l'Angleterre. Le gouvernement anglais ne pouvait guère, au plus fort de la lutte contre Napoléon, se déclarer ouvertement contre l'Espagne : du moins promit-il sa médiation entre la métropole et ses colonies et ne découragea-t-il pas les « patriotes ». Cette mission à Londres permet à Bolívar de rencontrer Miranda, qu'il décide à s'embarquer avec lui pour le Venezuela.

Avec l'arrivée de Miranda à Caracas, les événements se précipitent. La Régence d'Espagne avait déclaré rebelles les patriotes vénézuéliens. Au sein de la Société patriotique, club politique révolutionnaire, Bolívar seconde les efforts de Miranda pour décider le Congrès réuni en 1811 à proclamer l'indépendance du Venezuela : c'est chose faite le 5 juillet 1811. Bolívar se trouve aussitôt engagé dans la guerre civile qui oppose à travers tout le pays patriotes et loyalistes. Il y sert sous les ordres de Miranda, mais ne tarde pas à entrer en désaccord avec lui. Les défaites de 1812 consomment la rupture entre les deux hommes : après la perte de la place de Puerto Cabello, où commandait Bolívar, Miranda capitule devant les forces espagnoles (juill. 1812). Ses propres subordonnés, furieux de ce qu'ils considéraient comme une trahison, le livrèrent à l'Espagne, où il mourut en captivité. Le rôle de Bolívar dans ce tragique épisode reste en partie obscur.

Lui-même parvient à se réfugier à Carthagène ; il y rédige le célèbre mémoire (15 déc. 1812), où il tire la leçon des échecs et trace un programme d'action. C'est dans la défense victorieuse de la Nouvelle-Grenade contre les Espagnols que s'affirment ses talents militaires. De là, il attaque de nouveau le Venezuela et reprend Caracas (6 août 1813), après une campagne foudroyante, marquée par d'inexpiables cruautés : aux rigueurs de la répression royaliste et aux excès des llaneros de Boves, Bolívar répond en décrétant la « guerre à mort » contre les Espagnols et leurs partisans (Trujillo, juin 1813).

Bolívar reçoit, en octobre, le titre de Libertador, mais ne parvient pas à consolider le contrôle des « patriotes » sur un pays profondément divisé. Après une année de furieuses batailles, il doit évacuer Caracas (juill. 1814) et quitter le Venezuela (oct. 1814).

Il prend part aux luttes intestines qui opposent les patriotes de Nouvelle-Grenade, puis doit se retirer à la Jamaïque (mai 1815). Ni la défaite ni l'exil ne l'ont découragé : tout en cherchant à obtenir le soutien anglais, il rédige une série de lettres, dont la plus connue (Lettre à un habitant de la Jamaïque, Kingston, 6 sept. 1815) résume ses idées politiques : union du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade en une république de Colombie, régime démocratique autoritaire, alliance des nations américaines.

À défaut du concours des Anglais, il reçoit celui de Pétion, président de la République noire d'Haïti. En mai 1816, il débarque dans l'île de Margarita avec une poignée d'hommes. Nouvel échec, nouvel exil : le Venezuela et la Nouvelle-Grenade sont solidement tenus par l'armée espagnole[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître assistant à l'École pratique des hautes études, directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales

Classification

Média

Simon Bolivar - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Simon Bolivar

Autres références

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par
    • 21 855 mots
    • 13 médias
    ...tandis que la plupart des chefs insurgés sont pris ou s'exilent en Nouvelle-Grenade, où les patriotes sont encore les maîtres. C'est de ce refuge que Bolívar reprend l'offensive en mai 1813 ; une brillante campagne de quelques semaines lui rouvre le chemin de Caracas où il rentre en vainqueur le 6 août....
  • AMÉRIQUE LATINE - Rapports entre Églises et États

    • Écrit par
    • 6 741 mots
    • 2 médias
    ...Contrôler cette association intime entre une croyance religieuse universelle et ses animateurs était pour les États une obligation de bon gouvernement. Simón Bolívar a résumé de façon lapidaire ce qui apparaissait comme une nécessité politique : « L'union de l'encensoir et de l'épée du droit, telle est...
  • COLOMBIE

    • Écrit par , , et
    • 13 648 mots
    • 5 médias
    ...Cartagena, qui résiste trois mois. La répression est sévère : des centaines de personnes, dont Camilo Torres, sont exécutées. L'année 1819 est décisive : Simón Bolívar, qui préside alors un gouvernement révolutionnaire au Venezuela, franchit la Cordillère orientale, bouscule les avant-postes espagnols à...
  • FONDATION DE LA GRANDE-COLOMBIE PAR BOLIVAR

    • Écrit par
    • 188 mots
    • 2 médias

    Proclamée par le Vénézuélien Simón Bolívar en septembre 1819 à Angostura, la République de Grande-Colombie est une invention politique qui découle des révolutions d'indépendance hispano-américaines du début du xixe siècle. Regroupant le Venezuela et la Colombie, puis l'...

  • Afficher les 12 références