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VAN DER MEER SIMON (1925-2011)

Simon Van der Meer - crédits : 1984-2020 CERN (CC-BY-4.0)

Simon Van der Meer

Né le 24 novembre 1925 à La Haye (Pays-Bas), Simon Van der Meer est le fils d'un instituteur originaire de la Frise. Les universités néerlandaises ayant été fermées par les occupants nazis en 1943, Van der Meer ajouta à son cursus lycéen scientifique deux années de services en électronique dans sa ville de La Haye avant de suivre, à partir de 1945, les cours de physique appliquée de l'université de Delft. Ingénieur diplômé en 1952, il travailla aux laboratoires Philips d'Eindhoven sur des projets d'équipements haute tension ainsi que sur le développement des microscopes électroniques.

Engagé en 1956 au Cern de Genève (le Conseil européen pour la recherche nucléaire, devenu depuis lors Laboratoire européen de physique des particules), il participa à la réalisation technique des différents accélérateurs de particules jusqu'à sa retraite en 1990. De 1967 à 1976, il y fut responsable du fonctionnement des aimants des premiers anneaux de collisions proton-proton (les ISR, Intersecting Storage Rings) puis du grand synchrotron de 400 GeV (le SPS, Super Proton Synchrotron). Lorsque Carlo Rubbia proposa de transformer le SPS en collisionneur proton-antiproton, Van der Meer put développer ses idées originales permettant de regrouper spatialement et cinématiquement les antiprotons afin de pouvoir les injecter dans l'anneau accélérateur. Cette technique, dite du refroidissement stochastique, consiste à mesurer, par induction électrique, la distribution spatiale des charges électriques d'un paquet de particules circulant dans un petit anneau intermédiaire puis à appliquer des champs magnétiques correcteurs par des générateurs d'impulsion distribués autour de cet anneau ; les particules s'écartant de la trajectoire idéale y sont ainsi renvoyées. Rendue possible par l'utilisation d'une électronique rapide et élaborée, cette technique permit la réalisation d'un faisceau contenant des paquets de quelque cent milliards d'antiprotons et, par là, la concrétisation, en 1981, de l'ambitieux projet de Rubbia.

La découverte en 1983 des bosons W et Z médiateurs de l'interaction électrofaible vint couronner la conjonction d'un travail technique de production et d'accélération de faisceaux intenses et d'une recherche expérimentale mettant en œuvre des ensembles de détection sophistiqués. Elle fut récompensée par le prix Nobel de physique, attribué en 1984 à Van der Meer et Rubbia, un délai exceptionnellement bref entre découverte et consécration.

Simon Van der Meer meurt le 4 mars 2011 au Grand-Saconnex en Suisse.

— Bernard PIRE

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

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Média

Simon Van der Meer - crédits : 1984-2020 CERN (CC-BY-4.0)

Simon Van der Meer

Autres références

  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par et
    • 6 931 mots
    • 4 médias
    ...interactions faibles prédits dans la théorie de Glashow, Weinberg et Salam. En 1984, le succès de cette expérience a valu le prix Nobel de physique à S.  Van der Meer, qui construisit la machine à stocker et refroidir les antiprotons, ainsi qu'à Carlo Rubbia, qui dirigeait l'une des deux expériences...
  • DÉCOUVERTE DES BOSONS W ET Z

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    • 310 mots

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