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WIESENTHAL SIMON (1908-2005)

Simon Wiesenthal est né le 31 décembre 1908, dans une famille de marchands juifs, à Buczacz, une petite ville de Galicie alors austro-hongroise et qui deviendra polonaise après la guerre. En 1932, il obtient un diplôme d'architecte et ouvre un cabinet à Lvov (aujourd'hui Lviv, en Ukraine). La Pologne est dépecée en 1939, Lvov tombe aux mains des Soviétiques, qui ferment son cabinet.

Après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne, Simon Wiesenthal est arrêté, le 6 juillet 1941. Pendant presque quatre ans, il sera envoyé dans différents camps : Belzec, Solingen, Plaszow, Gross-Rosen et Buchenwald en Allemagne, et à Mauthausen en Autriche. Il échappe plusieurs fois à la mort. Lorsque Mauthausen est libéré le 5 mai 1945 par les Américains, Simon Wiesenthal, qui a survécu à douze camps nazis, n'est plus qu'un squelette. Vingt jours plus tard, il s'adresse au commandant du camp pour lui proposer ses services dans la recherche de criminels nazis. Il a déjà une liste à présenter aux Américains, quatre-vingt-onze noms de tortionnaires qu'il s'est juré de ne pas oublier : « Chaque survivant était un témoin et avait le devoir de témoigner », dira-t-il plus tard (Justice n'est pas vengeance).

En 1947, le gouvernement du Land de Haute-Autriche met à sa disposition un bureau, à Linz. Il y fonde le Centre historique de documentation juive, prend contact avec des survivants de la Shoah et se met à collecter des photos, des archives et des pièces compromettantes. Il recueille aussi les témoignages des rescapés. Il essaye d'abord de retrouver les nazis qui se sont cachés en Amérique du Sud avec l'aide de l'organisation secrète Odessa, chargée depuis la fin de la guerre de la protection des anciens S.S. Il assiste au procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946). À cette époque, Wiesenthal a des informateurs dans les milieux d'anciens nazis et l'un d'entre eux obtient confirmation de renseignements sur la localisation d'Adolf Eichmann – le planificateur de la solution finale. Retrouvé en Argentine, Eichmann est enlevé par les services secrets israéliens en 1960, jugé et exécuté le 31 mai 1962, en Israël. Simon Wiesenthal transfère le centre de documentation (fermé en 1954) à Vienne et continue de traquer d'autres responsables nazis : Gustav Wagner, adjoint au commandant de Treblinka en 1944 ; Eduard Roschmann, ancien commandant adjoint du ghetto de Riga ; Hermine Braunsteiner qui attendait les détenues, fouet à la main, à leur arrivée à Maïdanek ; le docteur Aribert Heim qui réalisa les pires expériences sur les détenus du camp de Mauthausen ; Odio Globocnik, le commandant S.S. des camps de Sobibor et Belzec... Au final, Simon Wiesenthal aide à traduire en justice plus de mille cent criminels de guerre. Il permet notamment d'arrêter Karl Silberbauer, l'officier de la Gestapo devenu policier en Autriche qui avait arrêté Anne Frank aux Pays-Bas et il débusque, en 1967, le commandant du camp de Treblinka, Franz Stangl, retrouvé à São Paulo, qui sera extradé et jugé à Düsseldorf où il mourra en prison.

Ses plus grandes déceptions ont été de n'avoir pas réussi à faire arrêter l'Autrichien Aloïs Brunner, qui fut le principal collaborateur d'Adolf Eichmann, le chef de la Gestapo Heinrich Müller et le « médecin » bourreau d'Auschwitz, le criminel Josef Mengele qui mourut au Brésil sans être inquiété. Il y eut néanmoins une ombre dans sa carrière, lorsqu'il refusa de poursuivre Kurt Waldheim, l'ancien secrétaire général de l'O.N.U., ex-président autrichien. Le Congrès juif mondial avait découvert le passé nazi de celui-ci et sa participation en tant que lieutenant de la Wehrmacht à des déportations de Juifs, notamment dans les Balkans. Simon Wiesenthal aurait eu ces informations et aurait choisi de ne[...]

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Écrit par

  • : chercheur au C.R.I.F., historien, ancien collaborateur du centre Simon-Wiesenthal

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