SINGAPOUR
Nom officiel | République de Singapour (SG) |
Chef de l'État | Tharman Shanmugaratnam (depuis le 14 septembre 2023) |
Chef du gouvernement | Lawrence Wong (depuis le 15 mai 2024) |
Capitale | Singapour |
Langues officielles | Anglais, chinois mandarin, malais, tamoul |
Unité monétaire | Dollar de Singapour (SGD) |
Population (estim.) |
5 997 000 (2024) 2
|
Superficie |
735 km²
|
Une histoire marquante
De Temasek à Singapore
Contrairement à une idée largement répandue, l'histoire de Singapour ne commence pas avec sa fondation coloniale en 1819. En effet, la première mention écrite de Singapour remonterait au iie siècle et est due au géographe grec Claude Ptolémée. Au siècle suivant, un émissaire chinois mentionne aussi dans son rapport une île qu'il nomme Pu Luo Chong (du malais Pulau Ujong) et qui correspondrait à celle de Singapour. Au fil des siècles, d'autres mentions apparaissent, alors que l'île est désignée par le nom de Temasek. Dès lors et pour un bon millénaire, il semble bien que Singapour ait fait partie de ces ports de la région fréquentés par les commerçants locaux et étrangers, provenant de contrées aussi lointaines que l'Arabie, l'Inde et la Chine. Pendant un peu plus d'un siècle, soit de la fin du xiiie jusqu'au début du xve, l'île a été le siège d'un royaume malais, dont la fortune a cependant décliné au cours des siècles qui suivirent. Il fallut attendre 1819 pour que la situation tout à fait exceptionnelle de Singapour – aussi connue sous le nom de Singa Pura ou Cité du lion dans les Annales malaises – au cœur des comptoirs de l'archipel malais ne soit à nouveau reconnue et mise à profit.
Cette année-là, le Britannique Thomas Stamford Raffles choisit d'établir un comptoir à Singapour au nom de la East India Company (Compagnie des Indes orientales), sachant qu'il prenait là une initiative qui serait utile à son gouvernement sur le plan stratégique. Lorsque, le 28 janvier 1819, il fit jeter l'ancre à sa flotte de huit navires près de l'embouchure de la rivière Singapour, presque rien ne subsistait pouvant rappeler l'ancienne gloire de Singa Pura, laquelle, Raffles l'avait écrit à un ami, avait tout de même contribué à l'y attirer. L'île était alors sous le contrôle du sultan de l'État du Johor, situé à la pointe de la péninsule malaise. Au terme d'une semaine de négociations rondement menées par Raffles avec un ministre représentant le sultan, un traité fut signé. Il accordait à la Compagnie des Indes orientales le droit d'aménager un établissement commercial dans l'île. En contrepartie, tant le sultan malais que son ministre allaient toucher une rente annuelle substantielle. Ceux-ci y trouvaient non seulement leur profit, mais une reconnaissance politique élargie à laquelle s'ajoutait la perspective de pouvoir tirer partie de l'essor annoncé du comptoir.
Essor commercial et peuplement cosmopolite
À l'arrivée de Raffles à Singapour, la population de l'île n'aurait pas dépassé un millier d'habitants, pour la plupart appartenant à diverses ethnies malaises. On y comptait aussi quelques dizaines de Chinois. Des mesures d'incitation sont alors prises par les autorités britanniques pour favoriser le développement des activités commerciales et portuaires, ce qui attire les migrants en grand nombre. Ceux-ci se regroupent dans la partie sud de l'île, notamment sur les rives de la rivière Singapour, lesquelles accueillent la majorité des Chinois dans un quartier très vite appelé Chinatown.
Au fur et à mesure que l'économie britannique croît et se déploie au-delà de l'Europe et que, surtout, sa puissance impériale s'accentue en Asie, y compris sur les mers, Singapour en profite. Cela s'accentue avec l'ouverture du canal de Suez en 1869, qui survient deux ans après que Singapour fut passée, tout comme l'ensemble des établissements du Détroit (dont font aussi partie Penang et Malacca), sous le contrôle direct de la couronne d'Angleterre. Elle détient désormais le statut de colonie de la Couronne et va continuer à développer son commerce d'entrepôt au carrefour des océans et mers asiatiques.
Au[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Rodolphe DE KONINCK : professeur titulaire, département de géographie, université de Montréal, chaire de recherche du Canada en études asiatiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
SINGAPOUR, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ASEAN (Association of South East Asian Nations) ou ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique)
- Écrit par Anne-Marie LE GLOANNEC
- 226 mots
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés
- Écrit par Philippe PELLETIER
- 23 143 mots
- 4 médias
...Malaisie, mais le libre passage s'y exerce. C'est l'un des détroits les plus fréquentés au monde, avec au moins deux cents passages journaliers en moyenne. Avec Singapour, les deux États riverains ont décidé, en 1977, d'y interdire le transit aux navires supérieurs à 200 000 tonnes. Les supertankers reliant... -
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK , Bernard HOURCADE , Georges MUTIN , Philippe PELLETIER et Jean-Luc RACINE
- 24 799 mots
- 10 médias
...asiatique, scelle l'unité de cette région de 596 millions d'habitants en une entité géopolitique à part entière. Fondée en 1967 par l'Indonésie, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie et les Philippines à des fins de stabilité politique, de renforcement des légitimités des appareils étatiques des pays fondateurs... -
DÉTROITS ET ISTHMES
- Écrit par Nathalie FAU
- 6 042 mots
- 5 médias
...gouvernements étant de capter les bénéfices des flux en transit afin de favoriser la croissance économique. Alors qu’elle ne détient aucune réserve de pétrole, la cité-État de Singapour a néanmoins profité de sa situation pour développer une industrie pétrochimique en attirant des multinationales, devenant même... - Afficher les 11 références