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SINGHALAISES ou CINGALAISES LANGUE ET LITTÉRATURE

La littérature

Avec ses glossaires, ses commentaires, ses traités sur la doctrine, ses chroniques des communautés monastiques, ses traductions des sutta pāli, la littérature singhalaise débute sous l'égide bouddhique et ne la quittera jamais vraiment. La vie et les prouesses du Maître (qu'il s'agisse de Bodhisattva ou de Buddha) inspirent tout naturellement les premières œuvres originales. L'Amāvatura (Le Fleuve d'ambroisie) par Guruḷugomi (xiie s.) et le Pūjāvaliya (L'Histoire des rites) de Mayūrapādu, « écrit dans la trentième année du règne de Parākramabāhu II », soit en 1266, sont les plus célèbres dans la prose la plus ancienne.

Le Pūjāvaliya contient deux chapitres relatifs aux rois de Sri Lanka. En effet, la littérature historique singhalaise est capitale dans la mesure où elle permet souvent d'établir une chronologie des faits indiens plus sûre que la littérature historique de l'Inde, où les légendes merveilleuses l'emportent sur la vérité historique. La chronique la plus importante est le Thūpavaṃsaya (L'Histoire de Mahāthūpa) de Parākrama Paṇḍita, souvent pris à tort pour une traduction du Mahāthūpavaṃsa en pāli. Plus axé sur l'histoire du bouddhisme singhalais est le Dūṭhāvaṃsaya de Dhammakitti Thera. Ce type de littérature se poursuit tout au long de l'histoire de Sri Lanka.

L'épanouissement de la poésie singhalaise commence au xve siècle avec Śrī-Rāhula Thera, habituellement appelé Totagamuva d'après son village d'origine dans le sud du pays. Son Säḷalihiṇisandēśaya (L'Étourneau messager) mérite l'attention pour ses qualités poétiques et pour son genre. C'est un kāvya d'inspiration sanskrite, composé sur le modèle du Meghadūta (Le Nuage messager) de Kālidāsa, auteur sanskrit du ive siècle de notre ère. Le genre s'est rapidement répandu, et l'île de Sri Lanka est survolée par des perroquets, des paons, des pigeons, des cygnes, des coucous jouant le rôle de messagers poétiques. Tandis que l'original est un poème érotique, les imitations singhalaises sont plutôt chastes et souvent bouddhiques. Le bouddhisme met encore son empreinte sur l'imagination poétique et distingue ainsi la poésie singhalaise du grand courant de la poésie indienne.

On ne saurait quitter la littérature singhalaise classique sans mentionner la littérature chrétienne et plus encore la littérature populaire. La première n'a guère de valeur littéraire, car il s'agit pour la plupart – à l'exception des traductions de la Bible – de polémiques entre chrétiens et bouddhistes. La seconde, en revanche, est très intéressante : outre le bouddhisme populaire (des Jātaka versifiés, des stances gnomiques, des énigmes, etc.), on y rencontre du folklore dravidien. Dans le Vayantimālaya de Tisiṃhala Kavitilaka, dans le Pālaňgasähālla (Le Conte de Pālaňga) et dans le Pattinihālla (Le Conte de Pattini), on retrouve sous forme singhalaise l'histoire que raconte l'épopée tamoule Cilappadigāram (Le Lai de l'anneau), le tout se rattachant au culte de la déesse populaire Pattini.

La littérature singhalaise contemporaine est affectée par le problème linguistique. Tandis que la littérature classique ne met pas en cause les règles de la langue écrite, les auteurs modernes sont censés distinguer entre la langue parlée et la langue écrite, bien qu'une connaissance parfaite de la grammaire classique ne soit plus une obligation absolue. Il y a des romans « bilingues », où les dialogues sont écrits en langage courant et les parties descriptives en langue écrite. Cette attitude expose bien entendu aux critiques des partisans des deux écoles. Le premier avocat de la langue parlée utilisée à des fins littéraires a été le vénérable Y. Prajnarama dans son adaptation singhalaise du [...]

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Écrit par

  • : professeur associé d'hindi à l'université de Toronto.

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