HATRA SITE ARCHÉOLOGIQUE DE
L’histoire
On ne sait donc rien sur Hatra avant le siège conduit par Trajan en 117. Pourtant, le nom même de la ville, qui veut dire « l’enclos », suggère que Hatra fut d’abord une enceinte sacrée visitée par les nomades de la steppe. Les monnaies, non datées, mais imitant des émissions provinciales romaines, portent une inscription signifiant « Hatra de Shamash ». Le dieu Soleil était donc le principal titulaire de cet « enclos ».
C’est à ce dieu que le salut de la ville était attribué chaque fois qu’elle était assiégée par les Romains. Ainsi, immédiatement après la première épreuve, un énorme sanctuaire fut mis en chantier pour remercier la divinité et remplacer l’ancien temple, dont nous n’avons aucune trace. Des signatures laissées sur les murs en cours de construction donnent une date en novembre 117 et le nom d’un certain « seigneur Worôd ». Ce titre (marya) fut porté plus tard par plusieurs chefs de la ville. Worôd est le premier qui nous soit connu.
Leur lignée, à propos de laquelle subsistent quelques incertitudes pour le début du iie siècle, comporte notamment le seigneur Nasrû qui, en 138, acheva la construction de la grande enceinte du sanctuaire et, peu de temps après, du nouveau rempart de la ville. Ses deux fils lui succédèrent, Vologèse (apparemment vite disparu) et Sanatrûq. D’abord seigneurs, ils prirent l’un après l’autre le titre de « roi des Arabes », tandis que le second était également grand prêtre du dieu Soleil.
Les inscriptions font toujours une distinction entre « Arabes » et « Hatréens », ce qui montre que les premiers ne vivaient pas dans la ville, mais sous la tente dans la steppe, quitte à visiter Hatra et ses sanctuaires pour faire leurs dévotions. Le nouveau titre investissait donc les dynastes de Hatra des pouvoirs étendus à toute la région. Il ne pouvait être accordé que par le roi parthe, lui-même « Roi des rois ». L’occasion de cette élévation fut apparemment la guerre avec l’Empire romain terminée en 167, qui conduisit à des annexions : les troupes romaines stationnaient désormais à Singara, à quelque 120 kilomètres au nord-ouest de Hatra. Un contrôle plus strict des nomades s’imposait donc et la tâche en fut confiée aux seigneurs vassaux établis à Hatra.
Après Sanatrûq, son fils Abdsamya lui succéda, puis un autre Sanatrûq qui, en 240, vit la ruine de son royaume sous les coups des Perses.
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Écrit par
- Michel GAWLIKOWSKI : professeur émérite, université de Varsovie (Pologne)
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Médias