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DJEBEL IRHOUD SITE ARCHÉOLOGIQUE DE

Le site archéologique Djebel Irhoud est situé au Maroc, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de la ville côtière de Safi et à une centaine de kilomètres à l’ouest de Marrakech. Découvert par hasard en 1960 lors de l’extension d’une carrière de barytine (exploitée jusque dans les années 1980), il a depuis fourni plus d’une vingtaine de fossiles humains associés à une riche faune et à une série d’objets lithiques. Ces restes humains, présentant des caractères à la fois archaïques et modernes, ont été finalement attribués à Homo sapiens. Les dernières datations, publiées en 2017, de ces premiers hommes proches de la morphologie moderne leur donnent un âge de plus de 300 000 ans, soit quelque 100 000 ans de plus que les fossiles des sites éthiopiens d’Omo Kibish et Herto (datés respectivement autour de 195 000 et 160 000 ans), considérés comme les premiers témoins de notre espèce. La localisation de ce site archéologique vient aussi remettre en question une origine unique de l’homme moderne en Afrique de l’Est.

Historique de la découverte des fossiles sur le site de Djebel Irhoud

Le gisement du Djebel Irhoud est une ancienne grotte dont le plafond s’est effondré sur le remplissage archéologique. Le premier fossile humain, un crâne presque complet, a été mis au jour fortuitement en 1960 par des ouvriers de la carrière de barytine. L’année suivante, Émile Ennouchi, professeur à l’université marocaine de Rabat, à qui on avait confié ce fossile, dégagea, lors d’une fouille rapide, une calotte crânienne, une mandibule et un ilium (un os du bassin) d’enfants ainsi qu’un humérus incomplet et un fragment de mandibule. Il mit aussi au jour quelques outils lithiques qui pouvaient être rapportés, du fait de leur débitage selon la technique Levallois, au Paléolithique moyen et assimilés au Moustérien européen (période commençant il y a 200 000 ans et se terminant il y a 40 000 ans). À l’époque de cette découverte, la plupart des chercheurs considéraient que l’homme de morphologie moderne était apparu tardivement, il y a moins de 40 000 ans, et qu’il était indissociablement lié aux cultures du Paléolithique supérieur. Le Paléolithique moyen, tout particulièrement le Moustérien, était alors considéré comme l’œuvre exclusive des Néandertaliens. Il fut donc proposé un âge de 40 000 ans au moins pour les fossiles d’Irhoud et, comme ils présentaient quelques traits morphologiques archaïques existant aussi chez les Néandertaliens, Ennouchi les considéra comme une variété nord-africaine de ces derniers. Mais un âge aussi récent était en contradiction avec les données de la faune et de la microfaune qui suggéraient le Pléistocène moyen (période s’étendant entre 780 000 et 126 000 ans).

En 1967 et 1969, une fouille fut effectuée sous la direction du préhistorien français Jacques Tixier. Outre la découverte d’un humérus d’enfant, celle-ci permit d’établir la première stratigraphie de ce gisement.

De nouvelles recherches débutèrent en 2004, dirigées par le paléoanthropologue français Jean-Jacques Hublin, directeur du département d’évolution humaine à l’institut Max-Planck de Leipzig (Allemagne), avec la collaboration du paléoanthropologue marocain Abdelouahed Ben-Ncer. De nouveaux restes humains ont alors été mis au jour et la stratigraphie générale du gisement a été établie. Sept niveaux ont été identifiés et corrélés avec ceux précédemment définis. C’est dans la couche 7, la plus profonde, que les restes humains ont été découverts, appartenant à au moins cinq individus (trois adultes, un adolescent et un enfant), accompagnés de la plus forte concentration d’outils trouvée sur ce site.

Crânes d’<em>Homo sapiens</em> du site de Djebel Irhoud (Maroc) - crédits : Sarah Freidline, MPI EVA Leipzig

Crânes d’Homo sapiens du site de Djebel Irhoud (Maroc)

Pendant ce temps, l’étude morphologique des deux crânes mis au jour au début des années 1960 a montré que ces fossiles ne pouvaient pas être placés avec[...]

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Écrit par

  • : docteur es sciences, ancien professeur d'anthropologie à l'université de Bordeaux

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Crânes d’<em>Homo sapiens</em> du site de Djebel Irhoud (Maroc) - crédits : Sarah Freidline, MPI EVA Leipzig

Crânes d’Homo sapiens du site de Djebel Irhoud (Maroc)

Autres références

  • MISLIYA HOMME DE

    • Écrit par
    • 1 636 mots
    • 2 médias
    ...occidentale de l’Europe (France, Allemagne, Espagne), l’Afrique du Sud et, depuis 2017, le Maroc – à la suite de nouvelles datations des fossiles du site archéologique Djebel Irhoud livrant un âge de quelque 300 000 ans –, le Levant, et plus précisément Israël, est l’une des rares régions...