JERF EL AHMAR SITE ARCHÉOLOGIQUE DE, Syrie
Les habitants du Proche-Orient ont accompli, entre 12 000 et 7500 avant J.-C., une importante « révolution » dont a bénéficié l'humanité. Ils se sédentarisent à partir de 12 000 avant J.-C. en construisant les premières maisons (rondes et partiellement enterrées) et les premiers hameaux. Grâce à l'existence locale de céréales et de petits ruminants sauvages, de chasseurs-collecteurs ils deviennent producteurs de subsistance. Les premières expériences agricoles sont attestées dès 9000 av. J.-C., dans les vallées de l'Euphrate et du Jourdain ainsi que dans l'oasis de Damas. Elles portent sur des céréales (blé, orge) et des légumineuses. Les premiers animaux domestiqués sont la chèvre, puis le mouton, le bœuf et enfin le porc : aucun n'est attesté avant 8200 avant J.-C.
Cette « révolution » n'a pas eu lieu en Europe : c'est par diffusion, à partir du Proche-Orient, que ces nouvelles techniques arrivent aux confins occidentaux de l'Eurasie. Cela explique l'importance des sites proche-orientaux de cette période, notamment celui de Jerf el Ahmar (Syrie) qui occupe une position clé à ce titre (voir cartes).
Jerf el Ahmar (fouille franco-syrienne du ministère des Affaires étrangères français et de la direction des Antiquités de Syrie) est en effet un des rares sites témoignant de l'une des principales étapes de la néolithisation : celle des tout débuts de l'agriculture. Situé à 2 kilomètres du barrage du Tishrin sur le moyen Euphrate, il est occupé de 9200 à 8500 avant J.-C. (Mureybétien, horizon P.P.N.A., Prepottery Neolithic A). La bonne conservation de ses vestiges architecturaux a suscité une stratégie de fouille extensive (1 200 m2). Les découvertes, qui se sont échelonnées de 1995 à 1999, en ont fait un site de référence, éclairant d'un jour nouveau les sociétés de l'époque.
Depuis août 1999, Jerf el Ahmar est englouti au fond du lac créé par le barrage. Mais la prise de conscience de ce qu'allait représenter sa disparition a conduit la Syrie à ajourner d'un mois la mise en eau pour permettre le démontage de trois bâtiments. Leur reconstitution sera la pièce maîtresse d'un musée local créé autour du thème de la néolithisation de l'Euphrate.
Environnement et modes de subsistance
Les premières expériences agricoles sont attestées par des preuves indirectes telles que la présence des mauvaises herbes liées au travail de la terre. D'après G. Willcox il s'agirait à Jerf el Ahmar d'une agriculture « prédomestique » de l'orge (encore morphologiquement sauvage). Aucun animal n'est domestiqué, à l'exception du chien. La chasse concerne les gros mammifères vivant en troupeau : ânes sauvages, hémiones, aurochs, gazelles (25 espèces de mammifères et 25 espèces d'oiseaux ont été identifiées par D. Helmer et L. Gourichon).
L'environnement végétal était plus riche et boisé qu'actuellement ; il comprenait des amandiers sauvages et des peupliers. Le castor et un grand hérisson indiquent, quant à eux, une plus grande pluviosité.
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Écrit par
- Danielle STORDEUR : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de la mission permanente El Kowm (ministère des Affaires étrangères)
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Médias