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LINGJING SITE ARCHÉOLOGIQUE DE

Le site archéologique de Lingjing se trouve à une quinzaine de kilomètres de la ville de Xuchang, dans la province du Henan, au nord de la Chine. Situé à une altitude de 117 mètres et découvert en 1965, ce site de plein air a livré en 2007 et 2008 des fragments de deux crânes humains adultes mis au jour dans des sédiments lacustres. L’étude de ces deux fossiles, dont la couche de dépôt géologique a été datée par luminescence entre 105 000 et 125 000 ans (ce qui correspond à la fin du Pléistocène moyen et au début du Pléistocène supérieur), a mis en évidence la présence sur ces spécimens d’une combinaison de traits anciens uniques dont certains les rapprochent des Néandertaliens d’Europe. Cette mosaïque de traits archaïques reflète une histoire complexe du peuplement humain en Eurasie à cette période, qui appelle à une prudence d’interprétation des données fossiles et génétiques dans cette région du monde.

Le contexte archéologique

Découvert à la suite du ramassage en surface d’ossements de mammifères fossiles et d’outils taillés, le site de Lingjing n’a fait l’objet d’un programme de fouilles qu’à partir de 2005, programme mené par le Henan Provincial Institute of Cultural Relics and Archaeology. La zone fouillée s’étend sur 551 mètres carrés dans différentes tranchées (T1 à T14). Onze niveaux stratigraphiques ont été définis sur une profondeur de neuf mètres depuis la surface du sol. C’est dans la couche 11 de la tranchée 9, un niveau de limon vert sauge, que des milliers de restes de faune et d’artéfacts lithiques (produits du débitage et outils de pierre confectionnés par l’homme) ont été mis au jour ainsi que des restes humains représentant un nombre minimal de cinq individus. Si les restes osseux sont bien fragmentés, et malgré les indices de ruissellement, il n’existe pas de preuves d’un déplacement horizontal ou vertical de grande ampleur au sein de cette couche. Cela signifie que l’association de ces restes humains avec la couche 11, et donc avec la datation de cette dernière, est fiable.

La datation des niveaux les plus profonds a été réalisée par la méthode de luminescence stimulée optiquement (OSL pour Optically Stimulated Luminescence) sur des grains de quartz et de feldspath. Au total, huit échantillons provenant des niveaux 9 à 11 ont été collectés. Ils donnent des résultats cohérents allant de 78 000 ans (± 4 000) à 123 000 ans (±  10 000). La couche 11 possède les dates les plus anciennes de cette série de datations, ce qui la place au tout début du Pléistocène supérieur, lors de la dernière période interglaciaire. Ces données concordent avec l’étude de l’assemblage faunique qui identifie des espèces fossiles (principalement du cheval, de l’auroch et du cerf) typiques de la fin du Pléistocène moyen et du début du Pléistocène supérieur. L’examen des fragments osseux de cet assemblage faunique a également révélé qu’une partie d’entre eux ont pu être façonnés pour former des outils. En effet, l’analyse des traces d’usure témoigne d’une utilisation destinée à perforer et gratter des matériaux d’origine animale. En outre, il semble que certains fragments aient pu être emmanchés, ce qui suggère un travail complexe sur de grandes carcasses d’herbivores. L’industrie lithique est principalement réalisée sur quartz. Elle se compose de nucléus et éclats obtenus par percussion directe. Cet assemblage lithique (dont certains artéfacts en quartz ont fait l’objet d’un débitage bipolaire) montre des affinités avec les complexes technologiques du Paléolithique moyen décrits dans le nord de la Chine.

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Écrit par

  • : paléoanthropologue, chargée de recherche au CNRS, université de Bordeaux, UMR De la préhistoire à l'actuel (culture, environnement et anthropologie)

Classification

Média

Crâne de Xuchang 1 - crédits : Xiujie Wu

Crâne de Xuchang 1