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Composition et préservation des fossiles de Cabrières

Les fossiles découverts à Cabrières forment un assemblage marin très diversifié (plus d'une centaine d'espèces aussi bien animales que végétales), constitué en partie par des formes possédant des restes minéralisés et déjà bien connues dans les autres sites paléontologiques de l'Ordovicien inférieur de la Montagne Noire : annélides « cuirassées » (machaeridiens), brachiopodes, cnidaires (conulaires), crustacés (ostracodes), échinodermes (éocrinoïdes, stylophores), graptolites, hyolithes, mollusques (bivalves, céphalopodes orthocônes, gastéropodes et rostroconches) et, enfin, trilobites. La particularité de ce gisement fossilifère est d'avoir également livré de très nombreux restes d'organismes peu ou pas minéralisés, qui ne sont généralement pas fossilisés ailleurs : différentes formes d'algues, des arthropodes bivalves comparables à certaines espèces cambriennes, des éponges, ainsi qu'un grand nombre de vers (paléoscolécides, notamment). Une première analyse des ichnofossiles (traces d'activité laissées par les animaux) indique qu'ils sont relativement nombreux mais peu diversifiés. Il s'agit le plus souvent de terriers horizontaux, peu profonds, ce qui suggère des conditions plutôt défavorables (dysoxie, voire anoxie) au sein du sédiment qui recouvrait alors le fond marin.

L'analyse des structures sédimentaires et l’état de préservation des fossiles – échinodermes en connexion anatomique, c’est-à-dire ayant conservé leur disposition anatomique naturelle, ou encore bivalves dont les deux valves sont encore articulées – suggèrent un milieu de dépôt très calme, probablement comparable à celui du Lagerstättte marocain des Fezouata. À la suite de fortes tempêtes, le fond marin aurait été recouvert par une fine couche de sédiments (silts). Cet enfouissement et l'anoxie qui en résulte seraient à l'origine de la préservation exceptionnelle des tissus et des organismes « mous ». Comme dans les Fezouata, cet apport de sédiments n'était probablement pas suffisamment épais pour être fatal à la plupart de la faune et la flore qui vivaient sur le fond marin ou à proximité. À l'exception des formes fixées (algues, conulaires), la majoritédes animauxont pu s'échapper. L'assemblage de Cabrières est donc majoritairement constitué d'organismes qui étaient déjà morts (et plus ou moins décomposés) avant leur enfouissement par un dépôt de tempête.

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Écrit par

  • : paléontologue, chargé de recherche au CNRS, Laboratoire de géologie de Lyon Terre, planètes et environnement (LGLTPE), université Claude Bernard Lyon 1

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