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DMANISI SITE PRÉHISTORIQUE DE, Géorgie

Le gisement de Dmanisi, en Géorgie, découvert sous les ruines d'un village médiéval situé à 85 kilomètres au sud-ouest de Tbilissi et à proximité de la vallée de la Koura (Caucase), est devenu célèbre en 1991 avec la découverte d'une mandibule humaine (D211) qui est associée à des mammifères tels que le rhinocéros étrusque ou le Megantereon (tigre à dent de sabre) généralement âgés de 1,8 à 1,75 millions d'années (Ma). Le niveau renfermant ces fossiles repose sur un basalte daté de 1,8 ± 0,1 Ma. Le site est fouillé depuis 1936, d'abord pour ses bâtiments du Moyen Âge puis pour son intérêt en préhistoire après la mise au jour en 1983 de restes très anciens (dont une dent de rhinocéros) et d'outils lithiques très simples. En 1991, la mandibule, du fait de ses caractéristiques morphologiques, surprend car elle paraît trop « moderne » – pas de reliefs osseux très marqués et de petites dents – par rapport à son âge et à d'autres fossiles africains contemporains.

En 1999, ce site fournit deux autres crânes (D2280 et D2282) qui sont beaucoup plus primitifs que la mandibule, alors que ces trois pièces proviennent du même niveau et sont proches les unes des autres. Ces fossiles sont rapprochés des Homo erectusou des Homo ergaster.

En 2000, ce sera une nouvelle mandibule (D2600) aux très grandes dimensions et aux grosses dents usées qui est mise au jour. Étudiée en collaboration avec des chercheurs français, elle permet de proposer l'hypothèse de l'existence d'une nouvelle espèce : Homo georgicus. Cette dernière se caractériserait par la puissance de son système masticateur, de fortes superstructures osseuses, de très grandes canines. Homo georgicus est supposé avoir conservé des affinités avec les Homo habilis/Homo rudolfensis et annoncerait la naissance d'Homo ergaster. D'autres chercheurs préfèrent parler, plus simplement, d'early Homo.

Depuis 2001, de nombreux autres ossements humains ont été découverts (une quarantaine de vestiges dont quatre pièces crâniennes), dont le crâne (D3444) et la mandibule (D3900) d'un individu édenté (avant sa mort). Ces derniers ressemblent à certains vestiges d'anciens Homo erectus est-africains âgés de près de 2 millions d'années et laissent supposer, au sein de ce groupe humain, une organisation sociale permettant d'aider les plus faibles, par exemple en accédant à des ressources alimentaires ne nécessitant pas une intense mastication.

Tous ces fossiles montrent l'existence d'un important dimorphisme sexuel chez ces early Homo. Dmanisi est, sans aucun doute, un des sites les plus importants en ce qui concerne l'histoire du peuplement de l'Ancien Monde par certains représentants du genre Homo, à partir du moment où ce genre n'est plus exclusivement africain.

— Bruno MAUREILLE

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, directeur du département de sciences archéologiques de l'université de Bordeaux

Classification

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