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SIUAI ou SIWAI

Au sud-ouest de l'île de Bougainville (archipel des Salomon), sur la plaine alluviale que délimitent les rivières Mivo à l'est, Torovera à l'ouest, les montagnes au nord et le littoral au sud, vit le groupe des Siuai (ou Siwai), paysans parlant un langage papou.

Les Siuai travaillent et habitent dans les clairières, mais pénètrent dans la forêt dense pour chasser ou pour trouver une autre résidence. Les villages (line) consistent en hameaux dispersés (de un à neuf) et sont généralement localisés sur les berges des fleuves. L'habitation la plus importante est le kaposo, ou case des hommes, qui possède un gong ; l'arui est un abri sans gong ; le pari, un abri plus petit utilisé contre le soleil et la pluie.

L'unité de base du système social est la famille : la famille restreinte vivant dans les maisonnées, la famille étendue résidant dans les hameaux et regroupant plusieurs familles restreintes.

Tandis que l'inceste entre frères et sœurs est objet de tabou, le mariage préférentiel consiste dans l'union de cousins croisés. L'exogamie est également pratiquée, la polygamie, bien que permise, est peu fréquente. Le lieu de résidence, quant à lui, est aussi bien patrilocal que matrilocal.

La société siuai est organisée en clans, totémiques et matrilinéaires, et en sous-clans, différents par leurs fonctions bien que désignés par un même terme : noroukuru. Le sous-clan est en fait un matrilignage qui détient certains pouvoirs spéciaux comme la magie blanche (maru), un totem particulier, et qui possède un trésor de monnaies de coquillages sacrées : tomui.

L'appropriation de la terre varie selon le type de famille à laquelle on appartient et selon un système de titres : à la famille restreinte reviennent les maisons et les points de terre (par occupation et par culture) ; les hameaux et les parcelles de terres à la famille étendue (par héritage patrilinéaire ou matrilinéaire ainsi que par le mariage).

Centre de la vie des hommes, le kaposoest un lieu de danses et de chants ; c'est là que sont prises les grandes décisions concernant la guerre, la justice. Chaque groupe d'hommes est dirigé par un mumi(leader) qui a des droits et des obligations vis-à-vis des membres de son groupe, dont la place dans la hiérarchie politico-sociale est déterminée par le prestige qu'il détient dans le village. Nullement hérité, ce prestige est acquis par sa richesse mais surtout par sa générosité manifestée dans de grands festins.

La vie économique des Siuai est fondée sur l'agriculture (taro, igname, patate douce), sur la chasse (sangliers, opossums), sur la collecte (vers, araignées, fourmis) et sur la pêche (très peu pratiquée).

L'élevage des cochons est une affaire aussi bien économique que cérémonielle : biens entretenus, baptisés et traités magiquement pour être mangés, ils sont le mets de choix des grandes fêtes.

Les croyances siuai se rattachent aux règnes des esprits (mara), êtres surnaturels associés à l'univers, aux phénomènes naturels et à la brousse, et se rapportent selon une classification établie à une série d'entités distinguant les êtres et les choses en animés-inanimés, inoffensif-dangereux, etc.

Différents rituels marquent la vie sociale ponctuée par les temps forts de la naissance, du passage du statut d'enfant à celui d'homme, de la crémation des morts. Au recensement de 2000, les Siuai étaient 13 724.

— François ZACOT

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