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SJÖWALL (M.) ET WAHLÖÖ (P.)

Écrivains suédois, Per Wahlöö et Maj Sjöwall ont joué un rôle fondamental dans l’évolution du roman policier nordique, jusqu’alors représenté par des récits d’énigme inspirés par l’école britannique.

Per Wahlöö (né le 5 août 1926 à Göteborg, décédé le 23 juin 1975 à Stockholm) fait ses études à Lund, une ville universitaire au sud du pays. Devenu journaliste à l’instar de son père, il commence comme reporter sportif, avant de devenir critique de cinéma puis reporter criminel. Correspondant en Espagne durant les années 1950, il sera expulsé par le régime franquiste. Il expliquait que sa conscience politique s’était éveillée en prenant connaissance de la guerre civile espagnole. Auteur de six romans, il débute avec Himmerlsgeten(1957). Inspirée par l’œuvre de Robert Pen Warren (Les Fous du roi, 1946), cette fiction politique met en scène une équipe de football et son leader dans le sud de la Suède. Le Camion (Lastbilen, 1962), traduit en français cinquante ans après sa parution en Suède, est une excellente reconstitution du climat étouffant d’une dictature. Il se déroule dans un petit port espagnol où s’est réfugié Willi Möhr, un jeune peintre, qui s’est lié d’amitié avec un couple norvégien qui disparaît lors d’une partie de pêche. Persuadé qu’ils ont été assassinés, il cherche à découvrir la vérité. Per Wahlöö publie ensuite Uppdraget(La Mission, 1963) où, dans une république fictive d’Amérique du Sud, une personnalité est manipulée par les fascistes, et Generalerna(Les Généraux, 1965), récit d’un procès politique au lendemain d’une contre-révolution fasciste. Les derniers romans, écrits par le seul Per Wahlöö, sont deux enquêtes policières de grande qualité conduites par le commissaire Peter Jensen, de Stockholm : Le 31e Étage (Mord 31 : avåningen, 1964) où l’expéditeur d’une lettre anonyme menace de faire sauter « L’Immeuble » d’un trust suédois de la presse. Cette chronique de la mort annoncée d’un grand journal, dénonce les atteintes à la liberté de la presse et à l’esprit critique. Dans Le Ressort d’acier (Stålsprånget, 1968), Jensen se voit confronté à une mystérieuse épidémie qui dépeuple le pays. Là encore, l’enquête s’achève sur une condamnation de toutes les manipulations psychiques ou génétiques.

Au début des années 1960, Per Wahlöö et Maj Sjöwall (née le 25 septembre 1935 à Stockholm et décédée le 29 avril 2020 à Landskrona) travaillent dans le même groupe de presse. Tous deux sont marxistes. De leur rencontre vont naître deux garçons et un projet littéraire sans précédent : une série de dix romans qui constituent une œuvre unique intitulée « Le roman d’un crime ». Chaque volume s’attache à démonter des mécanismes criminels pour en identifier les racines sociales, tout en dénonçant le pouvoir de l’argent et la trahison de la social-démocratie envers ses électeurs. Dès le premier titre, Roseanna(1965), où une jeune touriste américaine est victime d’un sadique, on découvre autour de l’obstiné inspecteur Martin Beck, une brigade de policiers qui rappelle celle des « flics » du 87e commissariat de la ville d’Isola, imaginée par le romancier américain Ed McBain. C’est ainsi qu’à Steve Carella, entouré de Meyer Meyer, Bert Kling, Cotton Hawes et Arthur Brown répondent Martin Beck avec son adjoint Lennart Kollberg, Gunwald Larson ainsi que le duo formé par Kvant et Kristiansson. Jovial, plein d’humour, heureux en ménage, Kollberg constitue l’antithèse de Beck, alors que Larson, dandy fils de famille, reste toujours le plus lucide politiquement. L’Homme qui partit en fumée (1966) se déroule en grande partie en Hongrie où la disparition d’un journaliste conduit à la découverte d’un trafic entre l’Est et l’Ouest. L’Homme au balcon (1967) aborde le thème de la pédophilie. [...]

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