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SKA, musique

Né à la Jamaïque à la fin des années 1950 dans les discothèques itinérantes (sound systems), très prisées à l'époque, le ska, première forme de musique pop jamaïcaine, d'origine à la fois indigène et urbaine, est l'héritier d'un rhythm and blues jamaïcain inspiré de son homologue américain, en particulier de celui qui se pratiquait à La Nouvelle-Orléans. On a donc commencé à entendre un nouveau style de musique mêlant le rythme traînant du pianiste et chanteur américain Rosco Gordon et les influences traditionnelles des Caraïbes, notamment le son du mambo cubain et celui du mento, une musique sur laquelle dansaient les Jamaïcains et qui a conféré son rythme de base au nouveau genre musical. Le ska doit son nom à l'onomatopée désignant l'imitation, grâce à un jeu de guitare syncopé à contre-temps, du boogie-woogie et de ses improvisations au piano typiques du rhythm and blues de La Nouvelle-Orléans. Son rythme était plus enlevé grâce aux cors, aux saxophones, à la trompette, au trombone et au piano qui jouaient le même riff à contre-temps. Pendant ce temps, la batterie maintenait un rythme à quatre temps marqué par la grosse caisse sur le deuxième et le quatrième temps.

L'histoire de la musique populaire jamaïcaine étant principalement orale, il était inévitable que plusieurs musiciens s'attribuent la paternité du ska. On considère toutefois généralement comme plausible la version du guitariste jamaïcain Ernest « Ernie » Ranglin selon laquelle c'est lui qui aurait inventé le rythme saccadé du ska. Si les chanteurs Derrick Morgan, Prince Buster, Toots Hibbert (du groupe Toots and the Maytals), Justin Hinds et les Dominoes sont devenus des stars, le ska était avant tout un genre musical instrumental. En 1962, l'indépendance de la Jamaïque, jusque-là colonie britannique, a laissé le pays et les interprètes de ska dans un état euphorique. Les principaux représentants de ce courant étaient un groupe de musiciens qui enregistraient dans des studios – Don Drummond, Roland Alphonso, Dizzy Johnny Moore, Tommy McCook, Lester Sterling, Jackie Mittoo, Lloyd Brevette, Jah Jerry et Lloyd Knibbs – qui, avec McCook à leur tête sont devenus The Skatalites en 1963. Ce groupe a enregistré, pour les plus grands producteurs, des titres qui sont devenus des classiques du genre et a accompagné de nombreux chanteurs célèbres, ainsi qu'un groupe de débutants : Bob Marley and the Wailers. Le plus remarqué des musiciens parmi The Skatalites était Don Drummond, joueur de trombone, compositeur et arrangeur. Personnage haut en couleur, souffrant de troubles mentaux (il sera enfermé dans un établissement pour malades mentaux après avoir assassiné sa compagne et mourra en détention), Drummond est considéré comme le plus grand musicien de l'époque et il a joué un rôle primordial dans l'essor du ska, à l'instar de Bob Marley pour le reggae.

Le ska s'est exporté en plusieurs vagues. La première d'entre elles a commencé au début des années 1960 et l'on se souvient du titre My Boy Lollipop (1964) interprété par Millie (Millicent Small), chanteuse jamaïcaine établie à Londres, ainsi que des tubes de Prince Buster et de Desmond Dekker and the Aces. Dans les années 1970, le ska a exercé une grande influence sur la culture populaire britannique et les groupes que l'on a qualifiés de « 2-Tone » (pour deux tons ou deux couleurs, allusion à la fois aux costumes qu'ils portaient et à leur composition comprenant généralement des musiciens noirs et blancs), comme The Specials, The Selector et Madness, ont enrichi le ska avec des sons empruntés aux courants punk et pop. La musique de Madness a traversé l'océan Atlantique, contribuant au succès de la troisième vague de popularité du ska au milieu des années 1980 aux États-Unis, où un autre groupe britannique, General Public, rencontrait[...]

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Écrit par

  • : présentateur pour la station Radio Jamaica à Kingston, auteur
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • 2-TONE RECORDS

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