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SKIDMORE, OWINGS & MERRILL (SOM)

Depuis la fin du xixe siècle, l'histoire de l'architecture aux États-Unis se caractérise par le développement de très grandes agences employant de nombreux associés et collaborateurs, disposant de bureaux implantés dans les principales villes, et appelées à construire sur l'ensemble du territoire américain, voire à l'étranger. Dans cette tradition illustrée par des noms tels que D. H. Burnham and Co. ou McKim, Mead & White, l'agence Skidmore, Owings & Merrill (S.O.M.) s'est imposée à partir du milieu du xxe siècle par le nombre de ses réalisations, la qualité du travail de ses équipes et sa capacité à satisfaire tous les types de programmes architecturaux, industriels, commerciaux et publics (à l'exception peut-être de la maison individuelle). Elle n'est certes pas la seule agence de premier plan, mais sa puissance et son rayonnement sont tels qu'on a pu la définir dans les années 1960 comme « la General Motors de l'architecture ».

Les origines et le rôle moteur de l'antenne new-yorkaise

L'agence d'origine a été fondée en 1936 à Chicago par Louis Skidmore (1897-1962) et Nathaniel Owings (1903-1984) qui avaient tous les deux participé trois ans plus tôt à l'organisation de l'exposition Century of Progress Exposition commémorant le centenaire de la fondation de Chicago. Un troisième associé, l'ingénieur John Merrill (1896-1975), les rejoint en 1939 pour former l'agence Skidmore, Owings & Merrill. Dès 1937, un bureau de l'agence avait été ouvert à New York et d'autres bureaux le seront ensuite à San Francisco, Portland (Oregon), Washington, D.C., etc.

Pendant la guerre, à partir de 1942, la toute nouvelle agence est chargée de planifier et de construire à Oak Ridge (Tennessee), Atom City qui regroupe les savants et ingénieurs chargés de mettre au point la première bombe A américaine. La réussite de cette opération menée dans le secret et dans l'urgence a marqué le début de la notoriété de S.O.M. dans le domaine de la gestion de programmes complexes. Après la guerre, le type d'organisation qui a assuré l'efficacité de S.O.M. se met en place. L'agence se caractérise par un travail en équipes qui ont chacune la charge, du début à la fin d'un projet, de tous ses aspects (technique, constructif, esthétique, juridique, etc.). Cette organisation collective et apparemment anonyme laisse cependant toute leur place à la créativité et aux initiatives du designer. C'est la raison pour laquelle malgré l'anonymat officiel de l'agence, plusieurs créateurs ont pu marquer de leur empreinte et de leur qualité les réalisations de S.O.M. et être reconnus comme tels. On peut à cet égard citer les noms de Gordon Bunshaft à New York, Myron Goldsmith, Bruce Graham, Fazlur Khan et Walter Netsch à Chicago, Edward Bassett à San Francisco. Les fondateurs de l'agence ont donc eu le souci dès le début de s'attacher les services d'architectes talentueux et de leur donner la possibilité de créer des œuvres personnelles, et cette tradition s'est maintenue bien après que ces fondateurs eurent pris leur retraite dans les années 1950 et 1960.

L'immédiat après-guerre se caractérise par la position dominante occupée par le bureau de New York. Dans le contexte de diffusion du Style international aux États-Unis, S.O.M. donne naissance à quelques édifices devenus de véritables prototypes de l'immeuble de bureaux contemporain. C'est surtout au talent de designer de Gordon Bunshaft (1909-1990) que l'on doit ces réussites. L'agence a contribué à adapter et à acclimater sur le sol américain les leçons de l'architecture structurale prônée par Ludwig Mies Van der Rohe qui lui-même construit beaucoup au lendemain de son installation à Chicago en 1938. Situé Park Avenue à New York, l'immeuble[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

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Média

Sears Tower - crédits : Mark Segal/ Stone/ Getty Images

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