Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SKIDMORE, OWINGS & MERRILL (SOM)

S.O.M. à l'ère du postmodernisme

La contestation de l'architecture moderniste à partir de la fin des années 1970 et le retour en grâce de certaines formes d'historicisme contemporain ont provoqué une crise dans une agence qui avait incarné au plus haut point l'idéal, le savoir-faire et l'universalité de l'architecture de la modernité technologique. Avec l'ère postmoderne, S.O.M. s'est trouvée en décalage par rapport à la commande. Les années 1980 témoignent de difficiles adaptations aux nouvelles demandes des maîtres d'ouvrages plus soucieux qu'auparavant d'identité architecturale et de monumentalité plus ou moins historiciste. Cette perplexité s'est traduite dans les années 1980 par l'absence d'originalité de nombreux projets qui relèvent de ce que l'on a appelé le style moderne tardif et qui sacrifient à la mode des serres, c'est-à-dire qu'ils incluent de vastes espaces publics enveloppés de verre qui précèdent ou annoncent les espaces de bureaux proprement dits (par exemple, l'immeuble 33 West Monroe à Chicago en 1980).

Cependant, bon an mal an, S.O.M. s'est adaptée à la demande d'édifices qui ne soient plus l'image parfaite de l'optimisme et de la rigueur technologiques, mais qui sachent aussi faire leur place à des allusions historicistes plus ou moins subtiles. L'immeuble néo-Art déco de la tour NBC à Chicago (1989) est un exemple parmi d'autres de ces concessions stylistiques opérées par l'agence. On peut aussi constater cet historicisme de bon aloi dans le parti « néo-Beaux-Arts » du plan masse de Canary Wharf au cœur du projet des Docklands à l'est de Londres et dans les édifices construits par S.O.M. autour de Westferry Circus dans les années 1990.

Malgré les mutations qu'a connues l'architecture américaine depuis les années 1970, S.O.M. a su maintenir ses activités à l'étranger comme sur le territoire américain. Mais on peut remarquer qu'elle n'est plus aussi inventive qu'auparavant. L'apogée de l'agence a correspondu à la période dite des Trente Glorieuses ; grâce à ses compétences, à son pragmatisme et à sa foi dans le progrès, elle savait alors décliner toutes les variations du langage de la modernité technologique quitte à en épuiser tous les ressorts. Depuis lors, elle doit affronter la concurrence d'autres grandes agences plus éclectiques dans leurs partis architecturaux (I. M. Pei, Cesar Pelli, Helmut Jahn, Johnson/Burgee, Kohn Pederson & Fox, etc.).

— Claude MASSU

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

Classification

Média

Sears Tower - crédits : Mark Segal/ Stone/ Getty Images

Sears Tower

Autres références

  • ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Une architecture plurielle

    • Écrit par , et
    • 11 661 mots
    • 17 médias
    ...projet de Mies van der Rohe en 1921 pour un gratte-ciel de verre, obtint graduellement un succès partiel en Amérique, d'abord avec les premières œuvres de Skidmore, Owings et Merrill (S.O.M.), à savoir les revêtements raffinés de l'ensemble Heinz Vinegar, construit à Pittsburgh (Pennsylvanie) en 1950-1952,...
  • BUNSHAFT GORDON (1909-1990)

    • Écrit par
    • 368 mots

    Architecte américain, né le 9 mai 1909 à Buffalo, dans l'État de New York, mort le 6 août 1990 à New York.

    Après avoir étudié à l'Institut de technologie du Massachusetts, Gordon Bunshaft voyage et poursuit sa formation en Europe et en Afrique du Nord grâce à une bourse. En 1937, il commence...

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - L'architecture

    • Écrit par
    • 12 026 mots
    • 9 médias
    Nombreux ont été les épigones de Mies van der Rohe. Parmi les grandes agences inspirées peu ou prou par son exemple, en particulier par l'importance accordée aux structures, il faut citer l'agence Skidmore, Owings & Merrill (S.O.M.), véritable General Motors de l'architecture. Le Lever...
  • GRAHAM BRUCE JOHN (1925-2010)

    • Écrit par
    • 458 mots

    L' architecte américain, Bruce John Graham conçut certains des gratte-ciel les plus hauts et les plus emblématiques au monde. S'inspirant du style de Mies van der Rohe, il opta pour des constructions modernistes aux lignes pures, sans ornement, et utilisa des contreventements qu'il exhiba en façade...