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SLÁNSKY RUDOLF SALZMANN dit RUDOLF (1901-1952)

Membre du Parti communiste tchécoslovaque depuis sa fondation, dirigeant des Jeunesses communistes, journaliste puis secrétaire régional dans les fiefs communistes d'Ostrava et de Kladno (1925-1928), Rudolf Slánsky, de son vrai nom Rudolf Salzmann, s'oppose à la conception social-démocrate d'un parti ouvert représentée par Šmeral. En 1928, au VIe congrès de l'Internationale communiste, il se prononce en faveur de la bolchevisation. Celle-ci, mise à l'ordre du jour dans le P.C.T. après son congrès de 1929, est très largement son œuvre. Élu au comité central, il dirige, en relation étroite avec Moscou, la section d'organisation du secrétariat ; il ne deviendra député qu'en 1935. Cependant, Gottwald, secrétaire général du parti, l'oblige, au VIIe congrès, en avril 1936, à endosser, avec Šverma, la responsabilité d'une ligne politique jugée trop complaisante envers Beneš et les sociaux-démocrates. Son autocritique permet à Gottwald de conserver intact tout son prestige. Après Munich, Slánsky est envoyé à Moscou où il coordonne les activités de l'émigration tchécoslovaque (radio, unités combattantes) ; responsabilité qui le conduit, en 1944, à l'état-major du front ukrainien et à la direction du soulèvement national slovaque.

Au printemps de 1945, il est nommé secrétaire général du parti. Gottwald, promu président du P.C.T., peut ainsi s'affirmer davantage comme homme d'État. Slánsky, ayant les mains libres, se fait l'apôtre d'une ligne dure, méfiante à l'égard des alliés non communistes et du système ambigu d'économie mixte. Fin septembre 1947, il représente le P.C.T. à la conférence de fondation du Kominform ; il insiste alors sur les traits anticapitalistes de la « voie tchécoslovaque » et promet « d'éliminer la réaction » du Front national. C'est chose faite en février 1948 où il joue un rôle décisif. C'est lui qui mobilise le parti contre les « ministres-espions » des autres formations politiques. Il siège aux états-majors politique et organisationnel secrets du comité central (groupes des cinq) et dirige le comité central d'action du Front national bien qu'il n'en soit qu'un des vice-présidents.

La rupture avec Tito, en juin 1948, donne le signal de purges importantes dans les directions communistes en Pologne, en Albanie, en Bulgarie et en Hongrie. Au cours du procès Rajk et lors de la réunion du Kominform de novembre 1949, il est fait mention d'un réseau tchécoslovaque d'agents titistes infiltrés dans le parti. Slánsky, qui a déjà limogé quelques responsables régionaux après février 1948, part à la recherche d'un Rajk tchécoslovaque. Membre du présidium et du secrétariat organisationnel du comité central, il est le chef de la commission de contrôle du parti qui applique la théorie de l'accentuation de la lutte de classe dans la période de transition. L'ennemi étant dans le parti, il prend pour cible les « titistes », les « nationalistes bourgeois slovaques » et les cadres de moyenne importance (Šling, Švermova). En liaison étroite avec vingt-six conseillers soviétiques venus de Moscou et de Budapest, Slánsky met sur pied une structure parallèle purement policière auprès des organes élus du parti et de l'État (commissions et ministère de la Sécurité, vice-ministres). En janvier 1951, lors d'une réunion à Moscou, les dirigeants du camp socialiste désignent la Tchécoslovaquie comme « maillon le plus faible des démocraties populaires ». La crise économique aidant, il faut trouver au plus vite des coupables du côté de ceux qui sont potentiellement dangereux du fait de leur prestige personnel, d'anciennes déviations ou de contacts avec des groupes à l'intérieur ou à l'extérieur du parti. Slánsky « démasque » le ministre des Affaires étrangères,[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études

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