SLAVES DU SUD (ART DES)
Macédoine et Serbie
La christianisation et ses premiers effets (IXe-XIe s.)
Le christianisme s'est affermi parmi les Slaves macédoniens, principalement pendant la période d'évangélisation par les disciples des apôtres des Slaves : Cyrille et Méthode. Ceux-ci avaient élevé de nombreuses églises en Macédoine, vers la fin du ixe et au début du xe siècle, à l'époque de l'Empire bulgare. Plusieurs petits sanctuaires à plan triconque, à Ohrid et dans ses environs, ont été fondés grâce aux célèbres prédicateurs Clément et Naum (entre autres les monastères de Saint-Pantéléimon et de l'Archange-Saint-Michel).
À peu près à la même époque, dans l'État serbe indépendant de Raška (Rascie), fut construite la première église épiscopale, la rotonde de Saint-Pierre près de Novi Pazar.
Après la création d'un centre catholique influent sur le littoral sud de l'Adriatique en Duklja (Dioclée), les Serbes élèvent beaucoup de petites églises de différents types : à coupole et à nef unique (Saint-Georges de Podgorica, Saint-Thomas de Kuti, Saint-Michel de Ston), à plan triconque (Saint-Pierre de Čičevo près de Trebinje, Saint-Thomas de Prčanj, Saint-Jean de Zaton sur le Lim), ou à plan polylobé, octoconque (église de Ošlje près de Ston), et des rotondes (Saint-Tryphon de Kotor). Bâties entre le début du ixe et la fin du xie siècle, ces églises constituent un groupe de monuments pré-romans, décorés de sculptures en méplat (les mieux conservés se trouvent à Kotor et à Ston), et par endroits de fresques de style roman primitif (Saint-Michel de Ston). La construction de ces monuments est autant l'œuvre des autochtones romains que des nouveaux venus slaves. La plupart de ces édifices datent du xie siècle, du temps de l'État serbe indépendant de Duklja.
La Macédoine sous l'Empire byzantin (XIe-XIIIe s.)
Ayant soumis l'État du tsar slave Samuel, au début du xie siècle, les Byzantins restèrent en Macédoine presque sans interruption jusqu'à la fin du xiiie siècle, ou plus précisément jusqu'aux premières décennies du xive siècle. C'est l'époque de la construction de très beaux monuments, églises et monastères, dans l'esprit de l'art byzantin de la capitale ou des provinces. Les grandes basiliques à trois nefs et à coupole des xie et xiie siècles – Sainte-Sophie à Ohrid, Saint-Achille sur le lac de Prespa, Saint-Léonce à Vodoča – étaient des sièges épiscopaux. Les plans des églises de monastères étaient différents : l'église de la Vierge Eleusa à Veljusa (fin du xie s.) est à plan tétraconque, Saint-Pantéléimon à Nerezi (1164) est à croix inscrite, avec cinq coupoles. Les églises à croix inscrite, à une coupole et à façade décorée d'ornements en terre cuite sont le type d'architecture le plus fréquent du xiiie siècle, et elles sont influencées par l'art de l'Épire (église de la Vierge Péribleptos et Saint-Jean Canéo à Ohrid, fin du xiiie s.). Les petites églises des villes comportaient, en règle générale, une nef voûtée en berceau.
Les ouvrages de peinture ont une plus grande valeur que les ouvrages d'architecture. Les fresques du xie siècle à Sainte-Sophie d'Ohrid et à Vodoča, dues selon toute probabilité à des peintres de Thessalonique, par leur monumentalité et leur austérité, par la richesse de leur iconographie et la sobriété de leurs coloris sombres, sont à classer parmi les œuvres les plus remarquables de l'art byzantin religieux. On peut leur adjoindre les fresques de Veljusa, qui datent de la fin du xie siècle, œuvre d'un artiste de Constantinople. Le xiie siècle a légué des pièces remarquables, représentatives de l'art des Comnènes : icône de l'Annonciation d'Ohrid (début du xiie s.), fresques de Nerezi (1164), exécutées par[...]
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Écrit par
- Athanas BOJKOV : vice-président du Comité des arts et de la culture, Bulgarie
- Vajislav DJURIC : Professeur à l'Université de Belgrade.
Classification
Médias