SLAVES
Morphologie
Structure morphologique
La plupart des langues slaves ont conservé jusqu'à nos jours la structure synthétique qui était celle de l'indo-européen, du grec, du latin : la plupart des rapports syntaxiques sont exprimés non par des mots auxiliaires (prépositions, articles, verbes auxiliaires, etc.), mais par des morphèmes (suffixes, désinences, accessoirement préfixes) incorporés au mot. Ainsi le nom connaît une déclinaison à six ou sept cas. Il en résulte que le mot (fortement individualisé sur le plan phonique par l'existence d'un accent) constitue une unité morphologiquement complexe, généralement plus longue qu'en français ou en anglais, et qu'une même unité lexicale est susceptible d'apparaître sous des formes grammaticales très diverses.
Toutefois ces remarques, ainsi que celles qui vont suivre, ne s'appliquent pas aux deux langues slaves les plus méridionales, le bulgare et le macédonien, qui ont connu une évolution différente qui les a rapprochées d'une structure analytique (notamment perte de la déclinaison). Les traits propres à ces langues, dits « balkanismes » seront examinés séparément.
Le substantif
Il y a, comme en indo-européen, trois genres : masculin, féminin et neutre ; à l'intérieur du masculin, il existe une tendance à distinguer deux sous-genres : animé et inanimé. Les trois nombres indo-européens : singulier, pluriel, duel, sont bien conservés en vieux slave, mais le duel a disparu dans les langues modernes, sauf dans le slovène et le sorabe. La déclinaison comprend dans la plupart des langues sept cas : nominatif, accusatif, génitif, datif, locatif, instrumental, vocatif ; seul parmi les cas indo-européens a disparu l'ablatif, confondu avec le génitif. Toutefois le russe a perdu aussi le vocatif.
Une particularité des langues slaves est que l'accusatif, en tant que forme distincte, y fait défaut dans les substantifs masculins au singulier : il est remplacé par le nominatif s'il s'agit d'un être inanimé et par le génitif s'il s'agit d'un être animé, par exemple en russe : ja vižu dom « je vois une maison », ja vižu kota « je vois un chat » (nominatif dom, kot, génitif doma, kota). Ce phénomène est commun à toutes les langues slaves ; en russe, il s'est étendu également au pluriel de tous les substantifs.
Il existe divers types de déclinaisons. À l'origine, comme dans les autres langues indo-européennes, l'appartenance d'un mot à telle ou telle déclinaison était imprévisible ; mais dans toutes les langues slaves s'est manifestée une tendance à lier la catégorie de la déclinaison à celle du genre. Ainsi en russe il existe trois types principaux de déclinaisons : 1re déclinaison (anciens thèmes en ā) contenant principalement des féminins : sestra « sœur », génitif sestry, datif sestre ; 2e déclinaison (anciens thèmes en o) comprenant des masculins et des neutres : dom « maison », génitif doma, datif domu (masculin) ; gnezdo « nid », génitif gnezda, datif gnezdu (neutre) ; 3e déclinaison (anciens thèmes en i) comprenant presque uniquement des féminins : noč « nuit », génitif noči, datif noči. Outre ces trois types principaux, toutes les langues slaves présentent des résidus plus ou moins importants d'anciennes déclinaisons. Toutes aussi connaissent des irrégularités diverses, qui font que la morphologie du nom est compliquée dans le détail. Cette complication est plus grande en tchèque et en polonais, langues très conservatrices du point de vue morphologique ; elle est bien moindre en serbo-croate, où se sont produites de nombreuses réfections analogiques. Le russe occupe de ce point de vue une position intermédiaire.
L'adjectif
Non seulement l'adjectif varie en cas, en genre et en nombre, mais encore il comporte en slave deux formes,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Denise EECKAUTE : maître assistant à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
- Paul GARDE : professeur de langue et littérature slaves à l'université de Provence
- Michel KAZANSKI : chargé de recherche au C.N.R.S.
Classification
Médias
Autres références
-
SLAVES DU SUD (ART DES)
- Écrit par Athanas BOJKOV et Vajislav DJURIC
- 7 371 mots
- 2 médias
La pénétration des Slaves dans la péninsule balkanique au vie siècle arrête le développement de l'art chrétien dans les régions où ils finissent par s'établir. Leur venue entraîne la ruine de nombreuses villes byzantines florissantes (Sirmium, Naissus, Scupi, Stobi...) et la disparition d'imposants...
-
ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale
- Écrit par Pierre-Roger GAUSSIN
- 14 136 mots
- 7 médias
Cependant, on ne peut vraiment parler d'expansion qu'à l'égard des peuples slaves. La pression allemande fut vive dans le secteur de l'Elbe sous Otton Ier, qui suivait la tradition saxonne et établit, le long du fleuve, des marches dont les chefs avaient la double mission de mettre l'Allemagne... -
BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE
- Écrit par Jean AUBOUIN et Michel ROUX
- 7 514 mots
- 1 média
Si les invasions slaves des vie et viie siècles ont affecté toute la péninsule, et même les îles, trois langues antérieurement parlées dans les Balkans ont subsisté : l' albanais, dont le vocabulaire comprend de nombreux mots d'origine latine, indice de l'ancienneté de la présence de ce peuple ; le valaque,... -
BAPTÊME DE MIESZKO Ier (duc de Pologne)
- Écrit par Vincent GOURDON
- 192 mots
-
BOSNIE-HERZÉGOVINE
- Écrit par Emmanuelle CHAVENEAU , Renaud DORLHIAC , Encyclopædia Universalis , Nikola KOVAC et Noel R. MALCOLM
- 13 495 mots
- 7 médias
Les Slaves commencèrent à s'installer sur ce territoire au cours du vie siècle. Une seconde vague slave, au viie siècle, comprenait deux tribus puissantes, les Croates et les Serbes : les Croates occupèrent probablement tout ou partie du centre, de l'ouest et du nord de la Bosnie, tandis que... - Afficher les 41 références