SLAVES
Archéologie et art
Les Slaves, peuple sédentaire d'Europe orientale et centrale, sont connus à partir du ier siècle après J.-C. Si l'attribution de cultures ou civilisations archéologiques a pu faire débat, l'apport des textes et les liens unissant les cultures successives permettent de reconstituer les différentes étapes d'un développement continu dès le ier siècle. Partant des cultures slaves de l'époque romaine, somme toute très archaïques, et qui occupent un territoire relativement restreint, on observera les transformations intervenues à travers les siècles. Celles-ci, d'abord très lentes, iront en s'accélérant avec la conquête de nouvelles régions et l'expansion territoriale colossale des Slaves. Le xe siècle marque la limite chronologique supérieure car, à partir de cette date, les Slaves perdent leur unité culturelle. Du point de vue de l'archéologie et de l'art, ils ne peuvent plus être étudiés comme une entité.
Les Slaves de l'époque romaine (Ier-Ve s.)
On a souvent surestimé les possibilités de l'archéologie pour localiser les Slaves les plus anciens. La confrontation avec d'autres sources, en particulier avec les textes, s'avère en effet indispensable pour y parvenir. Les premières cultures archéologiques que l'on peut attribuer aux Slaves sont donc contemporaines des premières mentions de ce peuple chez les auteurs anciens. Nous pensons tout d'abord à Tacite, qui les signale durant la seconde moitié du ier siècle après J.-C. sous le nom de Vénèdes en Europe orientale : à l'est du bassin de la Vistule, entre les Finnois des forêts et les Thraces du Danube inférieur. Au iie siècle après J.-C., Ptolémée confirme le témoignage de Tacite puisqu'il cite dans la même zone, entre les Germains et les Baltes de la Vistule d'une part et les Alains, nomades des steppes méridionales d'autre part, les Stavani, un peuple que l'étymologie de leur nom permet aisément d'identifier avec des Slaves. D. A. Mačinskij, qui a consacré des recherches à la géographie ethnique de l'Europe orientale à l'époque antique, estime que les « Vénèdes-Stavani » des ier-iie siècles vivaient au sud de la zone forestière et dans la région limitrophe de la steppe forestière. Partant de cette interprétation très pertinente des textes de Tacite et de Ptolémée, on peut, dans un second temps, considérer comme Slaves deux cultures archéologiques datées des ier-iie siècles et retrouvées dans ces régions : la culture post-Zarubincy (ou Zarubincy récente) et celle, moins vaste, qui est dite groupe de Volhynie-Podolie. L'évidente filiation des cultures slaves qui leur succèdent sur le même territoire corrobore cette attribution.
La culture post-Zarubincy (ier-iie s.)
Elle résulte de l'évolution de la culture de Zarubincy, à l'appartenance ethnique incertaine et qui, à l'époque de la Tène, s'étend dans la région du Dniepr moyen. Au ier siècle après J.-C., la population de cette culture subit l'invasion des nomades des steppes et c'est alors qu'apparaît la phase post-Zarubincy, attestée jusqu'au iie siècle. Cette dernière occupe une vaste zone au sud de la Biélorussie et au nord de l'Ukraine. On y décèle, outre les influences de la culture de Zarubincy, des influences de la culture de Przeworsk située dans le bassin de la Vistule et de la culture de la « céramique peignée » découverte en Biélorussie. Cependant, à l'heure actuelle, il est impossible de déterminer quelle fut parmi ces cultures celle qui a conféré aux sites du type post-Zarubincy leur caractère slave. La « préhistoire » des Slaves demeure donc encore un domaine inconnu. Les nécropoles post-Zarubincy, de petites dimensions, n'ont livré que des incinérations avec peu de mobilier. Leurs traces archéologiques sont donc difficilement[...]
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Écrit par
- Denise EECKAUTE : maître assistant à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
- Paul GARDE : professeur de langue et littérature slaves à l'université de Provence
- Michel KAZANSKI : chargé de recherche au C.N.R.S.
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