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MILOŠEVIĆ SLOBODAN (1941-2006)

Slobodan Milosevic - crédits : Antonio Ribeirio/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Slobodan Milosevic

En onze ans de pouvoir, Slobodan Milošević aura été un des principaux acteurs de la désintégration de la Yougoslavie. Ambitieux, il a su instrumentaliser le nationalisme serbe dans un but unique : prendre et consolider son pouvoir.

Né en août 1941 à Požarevac, en Serbie, d'un père monténégrin, pope orthodoxe défroqué devenu instituteur, et d'une mère communiste serbe, enseignante, Slobodan Milošević rencontre sa future femme, Mirjana Marković en 1957, au lycée. La mère de celle-ci a été exécutée par les partisans pour trahison en 1943 alors que son père est devenu un cadre important du Parti communiste de Serbie.

En 1958, les deux fiancés entrent aux Jeunesses communistes. Ils partent ensuite pour Belgrade, où lui entre à la faculté de droit, elle en sociologie. Elle décroche une chaire de sociologie marxiste à l'université de Belgrade alors que son époux devient, en 1973, le directeur de la firme pétrochimique d'État Teknogas puis, en 1978, directeur de la Beogradska Banka, la plus importante banque yougoslave.

Grâce à l'appui d'Ivan Stambolić, le patron de la Ligue des communistes de Serbie, Slobodan Milošević est élu en 1984 à la tête de l'organisation belgradoise de la Ligue. En octobre 1986, l'Académie des sciences et des arts de Serbie publie son mémorandum, véritable pamphlet nationaliste. Arriviste, mais prudent, Milošević condamne ce texte dont il fera plus tard son programme.

Ce sont les événements du 24 avril 1987 qui vont le propulser sur le devant de la scène. Il est envoyé au Kosovo pour y rencontrer la minorité serbe qui manifeste à Kosovo Polje contre les exactions des autorités autonomes albanaises. Assistant au matraquage des manifestants, il lance son célèbre : « Personne n'a le droit de frapper ce peuple. » Il vient de comprendre que le nationalisme va lui servir de tremplin. Désormais, il sera le chantre d'un national-communisme purement serbe. Pour ce faire, il se débarrasse de la vieille élite serbe titiste et, dès septembre 1987, il prend la place de son ancien mentor Stambolić à la tête de la Ligue des communistes de Serbie.

En mars 1989, alors que la Fédération yougoslave est à l'agonie, il obtient des changements constitutionnels lui permettant d'abolir l'autonomie de la Voïvodine et du Kosovo. Il est élu président de la Serbie en décembre.

Au printemps de 1990, alors que la Yougoslavie implose, Milošević se rallie à l'idée d'être le leader d'une Grande Serbie, et transforme, en juillet 1990, la Ligue des communistes en Parti socialiste serbe. Après avoir pris le contrôle de l'armée yougoslave, il lance ses troupes contre la Croatie et la Bosnie. De 1991 à 1993, il s'allie à l'extrême droite serbe et aux irrédentistes serbes de Croatie et de Bosnie. Mais face aux pressions occidentales, il se montre modéré pour sauvegarder son pouvoir. Il lâche les Serbes de Croatie et de Bosnie en 1995 et signe à Dayton les accords de paix du 21 novembre 1995.

En novembre 1996, les socialistes gagnent les élections législatives mais perdent les municipales, dont Milošević refuse de reconnaître le résultat pendant trois mois. Le 15 juillet 1997, seul candidat, il se fait élire président de la Fédération yougoslave. Pendant ce temps, la tension monte au Kosovo, où l'Armée de libération du Kosovo passe à l'offensive. Comme à son habitude, Milošević réagit par la force puis, devant les pressions internationales, est contraint de négocier. Mais il ne peut accepter le « diktat » de Rambouillet (février-mars 1999) qui réduirait considérablement son pouvoir et va jusqu'à l'épreuve de force avec l'O.T.A.N., qui commence à bombarder la Yougoslavie le 24 mars.

Le 22 mai 1999, il est officiellement inculpé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (T.P.I.Y.), pour [...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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Slobodan Milosevic - crédits : Antonio Ribeirio/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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