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SOCIALISME Les Internationales

La IIe Internationale

Née entre 1889 (deux congrès ouvriers internationaux se tiennent en juillet à Paris lors du centenaire de la Révolution française) et 1891 (le premier congrès unitaire se réunit en août à Bruxelles), la IIe Internationale existe toujours, mais sa grande époque coïncide avec les années antérieures à la Première Guerre mondiale.

La mise en place : 1889-1896

La renaissance d'une Internationale ouvrière, après la disparition de l'A.I.T., s'est heurtée à de grandes difficultés. Certaines sont structurelles : les forces militantes s'organisent, on l'a vu, dans le cadre de pays aux traditions diverses et redoutent souvent de perdre une autonomie où elles voient la condition de leurs progrès. D'autres sont idéologiques : les leaders marxistes, allemands, et avec eux Friedrich Engels, qui mourra en 1895, éprouvent quelques craintes devant le relatif isolement idéologique de la social-démocratie allemande sur laquelle repose selon eux, après la Commune de Paris, l'essentiel des espérances du socialisme ; ils souhaitent gagner du temps pour que le marxisme puisse étendre son influence. À la fin des années 1880, pourtant, les progrès assez rapides du mouvement ouvrier et du socialisme, en Europe et aux États-Unis, exigent une réponse. De nouveaux regroupements internationaux, purement corporatifs ou réformistes, s'esquissent : faut-il les laisser se développer ? Les principales réticences vont dès lors s'estomper. Mais dans ces conditions la IIe Internationale, à la différence de l'A.I.T., est conçue à l'origine comme un simple cadre pour des rencontres périodiques, des congrès, et non comme un organisme puissant et structuré à vocation révolutionnaire.

Qui aurait le droit de s'en dire membre ? La question qui s'était à peine posée en 1864 fut cette fois longuement et passionnément discutée en fonction de la diversité des idéologies et des pratiques. Le congrès de Londres, en 1896, répondit sans équivoque. Il fallait « poursuivre la substitution de la propriété et de la production socialistes à la propriété et à la production capitalistes » : c'était le vade-mecum du socialisme, sur la base duquel se faisait le clivage avec les démocrates bourgeois. Il fallait aussi « reconnaître la nécessité de l'action législative et parlementaire » : ainsi se trouvaient exclues, explicitement, les organisations anarchistes et, de fait, une bonne partie des organisations corporatives, qu'il s'agisse des trade-unions britanniques ou de la C.G.T. française. Cette résolution d'autre part entérinait la constitution de l'Internationale en tant que confédération de partis socialistes organisés pour conquérir le pouvoir politique dans les parlements nationaux sur une base locale et non plus spécifiquement ouvrière. Elle répondait aux progrès du socialisme dans des couches sociales nouvelles et aux caractères généraux d'une époque de relative stabilité politique et d'essor global du capitalisme, mais non pas forcément aux souffrances et à la volonté de lutte des plus opprimés et des plus révolutionnaires.

Dès ce stade embryonnaire apparaissent donc quelques-uns des traits qui pourront s'atténuer ensuite dans le cadre de l'expansion de la IIe Internationale, mais qui ne disparaîtront pas.

L'expansion

L'expansion se produit essentiellement, mais non exclusivement, en Europe. L'Internationale vit en effet théoriquement sur l'idée que les progrès du socialisme sont liés au développement de la grande industrie, et la propagande des partis socialistes est orientée vers le recrutement ouvrier, même si les leaders sont souvent des intellectuels.

Dès le début du xxe siècle, toutes les nations européennes sont représentées dans les congrès de l'Internationale, parfois à travers les syndicats « socialistes[...]

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Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920) - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920)

Manifestation communiste - crédits : Picture Post/ Getty Images

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