SOCIALISME Les Internationales
La IIIe Internationale (1919-1943)
L'Internationale communiste ou IIIe Internationale, appelée également Komintern, s'est voulue l'instrument de la révolution non seulement dans la classe ouvrière, mais chez les opprimés du monde entier. Son histoire s'inscrit dans une période de crise générale de l'impérialisme. Malgré des apports récents, beaucoup d'éléments font encore défaut pour formuler à son sujet une appréciation historiquement valable.
Aux origines de l'Internationale communiste
L'Internationale communiste est d'abord issue de la guerre : c'est celle-ci qui met à jour l'exigence d'une scission dont avant 1914 nul ne voulait. Le corps entier est dénoncé comme gangrené. Lénine est le premier à en tirer des conclusions en termes d'organisation : la IIe Internationale a « failli », il faut préparer une nouvelle Internationale. Mais la haine du socialisme de guerre ne se développe que lentement, et l'idée qu'il faut bâtir une nouvelle maison est loin d'être partagée par tous les socialistes hostiles à la guerre et à l'Union sacrée : ni à la conférence de Zimmerwald (sept. 1915), ni à celle de Kienthal (avr. 1916), le point de vue de Lénine ne l'emporte entièrement. La Commission socialiste internationale élue à Zimmerwald deviendra pourtant le premier noyau de l'Internationale communiste.
Pendant ces mêmes années, les marxistes révolutionnaires produisent petit à petit des analyses dont les premiers éléments avaient souvent été formulés avant 1914 et qui ouvrent de nouvelles perspectives à l'action internationale. Deux thèmes dominent les textes de Boukharine, de Rosa Luxemburg, de Trotski, de Zinoviev et surtout de Lénine : l'impérialisme et la révolution. Cette guerre est une guerre impérialiste qu'il est possible de transformer en guerre civile, l'Europe est « grosse d'une révolution », les masses trouveront les formes d'organisation qui leur permettront d'abattre les appareils d'État du capitalisme et d'instaurer la dictature du prolétariat.
À partir de 1917, la révolution russe rend ces analyses, longtemps clandestines et mal connues, crédibles. Elle donne à la création de l'Internationale communiste une profonde impulsion. Ce que l'on sait des événements de Russie, le développement des soviets en particulier, contribue à la radicalisation des masses populaires et rapproche du marxisme des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes qui en avaient toujours été éloignés. D'autre part, les dirigeants bolcheviks sont convaincus qu'en Russie même un succès durable ne peut être assuré que si la révolution gagne l'Europe et d'abord l'Allemagne, et si l'impérialisme est également attaqué dans les pays dominés. Pour ce faire, un état-major révolutionnaire est indispensable : dès 1918, Lénine considère comme urgente la création de l'Internationale communiste.
Mais avec qui ? Lorsque se réunit à Moscou, en mars 1919, la Conférence internationale communiste qui rassemble ceux qui acceptent de se placer « au point de vue de la dictature du prolétariat sous la forme du pouvoir des soviets », les structures organisationnelles retardent partout sur le mouvement. C'est dans une large mesure avec des militants sans mandat, et malgré l'abstention du jeune Parti communiste allemand, que l'Internationale communiste est créée dans une atmosphère de fièvre révolutionnaire. Sa proclamation force le destin. Et l'événement immédiat donne raison à ceux qui ont osé : en Hongrie, en Bavière, les communistes accèdent temporairement au pouvoir, le Parti socialiste italien vote par acclamation son adhésion à l'Internationale communiste ; en Chine, le Mouvement du 4-Mai se développe ; en Europe occidentale, le ralliement à la[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Madeleine REBÉRIOUX : professeur émérite à l'université de Paris-VIII
Classification
Médias
Autres références
-
GAUCHE SOCIALISTE EN FRANCE DEPUIS 1945
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Rémi LEFEBVRE
- 10 206 mots
- 9 médias
Le socialisme français de l’après-guerre s’ancre dans une longue tradition historique, depuis l’héritage du mouvement ouvrier et des luttes sociales du xixe siècle, jusqu’à l’exercice du pouvoir par la SFIO de Léon Blum en 1936. L’unification de la famille socialiste et de ses diverses...
-
ACCULTURATION
- Écrit par Roger BASTIDE
- 8 306 mots
- 1 média
Dans lesanciennes républiques socialistes, l'acculturation (qui n'osait pas dire son nom) reposait sur les deux postulats suivants : 1. la distinction marxiste entre l'infra et la superstructure ; il suffira de changer les modes de production pour que, automatiquement, les systèmes culturels changent... -
ADLER MAX (1873-1937)
- Écrit par Raoul VANEIGEM
- 648 mots
Longtemps occulté par la prépondérance de l'idéologie bolchevique, le rôle de Max Adler, l'un des principaux représentants de l'austro-marxisme, s'éclaire d'une importance accrue à mesure qu'on redécouvre les tendances anti-autoritaires apparues dans l'évolution de la doctrine marxiste....
-
ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine
- Écrit par Michel EUDE et Alfred GROSSER
- 26 883 mots
- 39 médias
La diffusion des doctrines socialistes va de pair avec l'industrialisation de l'Allemagne. Le mot Sozialismus apparaît en 1840, moins usité cependant que celui de Kommunismus. Les origines en sont françaises – Saint-Simon, Louis Blanc, Cabet – plutôt qu'anglaises, et les premiers foyers socialistes... -
ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande
- Écrit par Georges CASTELLAN et Rita THALMANN
- 19 516 mots
- 6 médias
...étaient encore vivaces. L'opération, vivement désirée par la S.M.A., fut acquise par le ralliement des chefs socialistes, Otto Grotewohl et Max Fechner. L'accord se fit sur un programme définissant « la voie spécifique (Sonderweg) de l'Allemagne vers le socialisme » dont le théoricien fut le communiste... - Afficher les 74 références